Au printemps 2018, les cheminotEs se battaient contre la réforme ferroviaire qui n’avait qu’un objectif : imposer des réorganisations dans la perspective de la libéralisation du secteur et pour cela dégrader encore plus les conditions de travail pour « plus de rentabilité ». C’est à ce moment que Julien Pierraut, jeune cheminot de 26 ans de l’atelier de maintenance des TGV de Pantin, s’est suicidé en se rendant à son travail.
Ce suicide est le résultat d’une longue souffrance. Habitant dans le bassin d’emploi « historiquement cheminot » de Tergnier dans l’Aisne, Julien avait dû se résigner à venir travailler à Pantin à la suite des incessantes suppressions d’emplois de la SNCF à Tergnier.
Souffrance au travail et organisation du travail destructrices
Aux conditions de travail difficiles, s’ajoutaient les conditions de transports invivables avec les horaires décalés. Pour embaucher de matinée à 6 h, Julien devait se lever à 3 h et ne rentrait chez lui que vers 17 h totalement harassé… Face à sa souffrance et ses demandes d’obtenir un poste en journée, la direction de la SNCF lui a proposé un nouveau poste en 3 × 8, mais cette fois-ci avec… les week-ends travaillés ! Face à un épuisement physique et moral dont il ne voyait pas l’issue, Julien s’est couché sous un train un matin sur le chemin du travail. C’est une tragédie.
Les organisations du travail destructrices sont responsables de la souffrance infligée à de nombreuses et nombreux salariéEs dans le pays aujourd’hui.
La famille de Julien et le syndicat Sud Rail ont durant ces cinq années défendu la cause de notre collègue face à une SNCF qui n’a cessé de le dénigrer et fait recours à toutes les procédures possibles. La SNCF est encore capable de faire appel et imposer ainsi une nouvelle épreuve à sa famille et à ses proches. Toutefois, elle vient d’être condamnée par le tribunal de Saint-Quentin (Aisne), et c’est une bonne chose. Reste à imposer par la mobilisation collective que les organisations du travail destructrices disparaissent afin que cessent de tels drames.