Le 10 janvier dernier, la direction de la Voix du Nord, quotidien régional du Nord et du Pas-de-Calais (Hauts de France), a présenté en comité d’entreprise un vaste plan de destruction massive d’emplois, appelé communément plan social économique, qui prévoit la suppression d’un quart des effectifs.
La Voix du Nord, qui appartient au grand groupe de presse belge Rossel, enregistre un chiffre d’affaires en progression de plus de 5 %, dans un secteur en pleine mutation qui connaît une grave crise, et les capitaux du Crédit agricole, qui détient 30 % du capital du groupe, ne cessent de progresser considérablement...
Des bénéfices en flèche… et des licenciements en masse !
Le groupe Rossel-La Voix a enregistré un chiffre d’affaires exorbitant de 253,9 millions d’euros en 2015 et prévoit 256 millions d’euros pour 2016. Pourtant, sans aucun scrupule, la direction décide de supprimer 178 postes (sur 700 actuellement). Ce sont donc plusieurs dizaines de journalistes, d’imprimeurs rotativistes, de livreurs... d’employés et de cadres qui sont menacés par ce vaste plan de licenciement et sollicités pour des départs volontaires. Et la direction n’hésite pas à instrumentaliser systématiquement une opposition entre les jeunes et les plus anciens.
L’objectif affiché sans complexe du groupe belge et du Crédit agricole est de garantir une rentabilité à plus de 10 %, et pour cela, peu importe les conséquences sur la qualité de l’information, sur l’emploi, sur les conditions de travail.
Comme le soulignent à juste titre les organisations syndicales, les salariés de ce journal sont les nouvelles victimes de l’application de la loi dite « Travail » qui permet à l’employeur de licencier sans justificatifs dès l’apparition de moindres difficultés économiques et de perspectives technologiques. Une réalité que conteste la ministre du Travail, Myriam El Khomri...
Selon l’intersyndicale, la GPEC (la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), chargée d’anticiper et d’adapter les compétences aux emplois, n’a jamais réellement fonctionné, l’instance ne s’étant réunie qu’une seule fois en 2016 ! Et malgré les propositions des représentants syndicaux et les demandes insistantes des salariés, aucune formation ni aucun plan n’ont été proposés.
La lutte commence
À l’appel de l’intersyndicale composée du SNJ-CGT, de la CGT et de la CFDT, plus de 250 personnes se sont mobilisées lors d’un rassemblement mercredi 18 janvier devant le siège de la Voix du Nord, sur la Grand-Place de Lille, afin de protester contre ce PSE.
Une délégation de l’intersyndicale a également été reçue par des membres du cabinet du ministère de la Culture en charge des médias, où les militants ont dénoncé l’absurdité et le danger d’un tel plan de licenciement.
Le NPA apporte bien entendu tout son soutien à la lutte des salariés de la Voix du Nord, et appelle à la mobilisation de l’ensemble de notre camp social pour l’abrogation de la loi Travail et pour une loi interdisant les licenciements. Contre cette destruction massive d’emplois, mobilisons-nous toutes et tous !
Jérémy Lautour