Une véritable union nationale pour l’austérité se met en place. Qu’ils soient de gauche ou de droite, tous n’ont qu’un mot à la bouche : austérité ou rigueur.À écouter Sarkozy, Fillon et leurs homologues européens, l’austérité est la seule politique possible pour résoudre la dette !Nous aurions tous vécu au-dessus de nos moyens, et il faut donc selon Fillon, « refonder notre modèle de croissance qui est devenu insoutenable car depuis trop longtemps tiré par la consommation soutenue par les transferts sociaux », reprenant ainsi l’idée moisie de Denis Kessler d’en finir avec le programme du Conseil national de la Résistance.
La croissance... des plans d’austéritéTrois mois à peine après le premier plan d’austérité, le gouvernement nous en impose un autre. Qui ne sera certainement pas le dernier. La spirale infernale des plans d’austérité est lancée.L’accélération de ces plans en France mais également dans la majorité des pays européens est faite pour « rassurer les marchés financiers » et permettre en particulier à la France de garder sa note AAA. Mais en semant la rigueur, Sarkozy et Fillon nous mènent droit dans le mur. Celui de la récession comme en Grèce, en Irlande, au Portugal ou dans l’État espagnol. Cette généralisation de la rigueur a toutes les chances de se transformer en récession généralisée qui augmentera mécaniquement le montant des déficits et des dettes publiques et fera tomber les AAA survivants. Les plans d’austérité vont peser sur la croissance et ne touchent que les classes populaires. Les quelques mesures touchant les revenus élevés et les entreprises ne sont que de la démagogie pour faire croire que les efforts sont partagés.Des plans pour faire payer la populationLe premier plan du 27 août dernier devrait faire économiser 12 milliards d’euros en 2011 et 2012. Le plan du 7 novembre devrait permettre une économie supplémentaire de 7 milliards en 2012 et de 11,6 milliards en 2013. Il s’agit, au total, d’ « économiser » 100 milliards d’euros pour arriver à l’équilibre en 2016. Mais attention, si les perspectives de croissance continuent de se détériorer, un nouveau plan de rigueur est d’ores et déjà annoncé. Et rappelons que ce gouvernement se trompe régulièrement dans ses perspectives de croissance. Il vient même d’abaisser sa prévision de croissance pour 2012 à 1 %… mais certains économistes considèrent cette prévision encore trop optimiste.
Le poids essentiel de ce deuxième plan repose sur les salariéEs, les précaires, les chômeurEs ou les retraitéEs, notamment par l’augmentation de la TVA de 5,5 % à 7 % sur les produits et les services. Cela signifie une augmentation de l’impôt le plus injuste alors que, sur les dix dernières années, les gouvernements ont fait baisser de 40 milliards l’impôt sur le revenu. 500 millions d’euros supplémentaires sont économisés sur les dépenses de l’État, en particulier les budgets sociaux et l’éducation, alors que le chômage et la misère augmentent. Alors que beaucoup de salariés renoncent déjà à se soigner à cause des coûts trop élevés, les dépenses de santé sont réduites. L’augmentation des prestations sociales est gelée à 1 %, alors que l’inflation approche 2,5 %. Le recul de l’âge de départ à la retraite est plus rapide : les salariés concernés vont devoir travailler un à quatre mois supplémentaires uniquement pour les banques et les spéculateurs !
Quand aux entreprises qui ont bénéficié de plusieurs dizaines de milliards d’euros de niches fiscales et d’exonérations de cotisations sociales chaque année pour atteindre plus de 65 milliards d’euros pour la seule année 2010, elles auront en tout et pour tout une majoration de 5 % de l’impôt sur les sociétés. Mais que les patrons se rassurent, cette majoration n’est que temporaire et ne concernera que les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 250 millions d’euros.
Les politiques menées actuellement ne régleront rien. Pire, elles aggravent la situation en nous menant vers la récession. Contrairement à ce qui nous est répété en boucle, les plans d’austérité ne sont pas une fatalité. La solution aujourd’hui est d’avancer des mesures anticapitalistes radicales, alternatives, faisant payer la crise et la dette à ceux qui en sont responsables. Il faut refuser de payer la dette, saisir les banques pour les unifier dans un service public sous contrôle des salariés. Il faut augmenter les salaires de 300 euros, annuler les réformes cassant les retraites et les services publics, réduire le temps de travail pour mettre fin au chômage, supprimer l’ensemble des niches fiscales, réinstaurer un véritable impôt sur les sociétés, augmenter les impôts directs... Bref, imposer une autre répartition des richesses et retirer aux capitalistes leur pouvoir de nuisance.
Sandra Demarcq