Depuis la parution des décrets concernant la mise en œuvre du pass sanitaire dans les lieux culturels en juillet-août, leur application dans les bibliothèques municipales a soulevé de nombreuses oppositions chez les agentEs. Ces mobilisations d’abord locales se sont étendues rapidement depuis, jusqu’à un appel national relayé vendredi 1er octobre. Un appel d’autant plus suivi que des victoires partielles mais symboliques et importantes ont déjà pu être arrachées dans certaines régions…
Depuis le début de la crise, les bibliothèques ont été ballottées par les politiques gouvernementales et le plus souvent complètement oubliées par les politiques sanitaires dans le domaine de la culture. Devenues prétendument « essentielles » (moins que les librairies cependant), leur accès est aujourd’hui restreint par un gouvernement qui ne se soucie que des riches et de leurs profits. À l’opposé complet des valeurs portées par les structure d’accès à la lecture publique et leurs agentEs !
La culture doit être accessible à toutes et tous !
Le caractère le plus insupportable pour les agentEs est justement l’application inégale des mesures sanitaires entre, d’une part, bibliothèques nationales ou universitaires et, d’autre part, bibliothèques territoriales (municipales). Libre accès pour les étudiantEs et les chercheurEs, et restrictions pour les prolos et les plus oubliéEs des politiques culturelles. Pour les agentEs de bibliothèques, la question de l’accessibilité et de la gratuité est au centre de leur engagement professionnel. Ils et elles se mobilisent ainsi sur ce qui apparait comme le plus injuste et le plus insupportable : le contrôle du pass sanitaire des enfants entre 12 et 17 ans. Les enfants étant évidemment l’un des publics les plus importants et les plus sensibles pour ces structures dans l’accès à la lecture publique, particulièrement après deux ans d’épidémie et d’isolement dans les familles.
« Petite bib, grosse colère »
Le mouvement actuel est surtout parti de la lutte des bibliothécaires de Grenoble et son agglomération, en grève depuis un peu plus d’un mois maintenant contre le pass sanitaire. Ils et elles le revendiquent encore : « On trie les livres, pas les lecteurs ! » Et, dès le début, ils et elles ont bataillé et réussi à se démarquer des antivax, qui avaient tenté de créer une organisation fantoche pour récupérer politiquement leurs lutte et qui ont été rapidement marginalisés. Les autres luttes qui ont fleuri, en Isère puis bien au-delà, parfois dans de toutes petites structures, se sont pour leur large majorité construites autour des mêmes revendications sur le refus du pass sanitaire pour les usagerEs. Dans les faits elles se sont également en majorité focalisées autour de la mesure la plus symbolique : le refus de contrôle du pass pour les enfants, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent même pas décider de se faire vacciner !
De premières victoires qui en appellent d’autres !
Les mobilisations et autres actions symboliques se sont multipliées ces dernières semaines dans des villes et agglomérations de toutes tailles, depuis Paris, Grenoble, Lyon en passant par Ambert, dans le Puy-de-Dôme, ou toutes les communes des banlieues est de la Seine-Saint-Denis, et bien d’autres… Une journée nationale a même été appelée et suivie avec succès le vendredi 1er octobre (autour du 5 octobre également dans certaines régions). Dans de nombreuses communes et agglomérations les mairies ont d’ailleurs dû reculer face à ces mobilisations. Une lutte juste et forte pour un accès public et gratuit à la culture et la lecture, sans discriminations, qui continuera, on ne peut que l’espérer, de faire couler beaucoup d’encre…