Manuel Valls peut fumer son cigare tranquille... Sans surprise, la motion de censure contre le gouvernement a été massivement rejetée : 198 députés l’ont votée, dont les députés du Front de gauche, alors qu’il en aurait fallu 289 pour faire chuter le gouvernement. Mais au-delà de ce non-événement, qui n’intéresse même plus les députés en majorité absents lors du vote, c’est le cynisme des partis institutionnels qui risque encore d’encourager l’abstention de l’électorat populaire et le vote FN aux prochaines échéances.
La droite, qui devrait pourtant estimer que la loi Macron dictée par le Medef et bénie par l’Union européenne va dans le bon sens, a donc déposé une motion de censure tout en étant assurée qu’elle serait battue ! Par cet acte politicien, elle confirme qu’il n’y a pas de fin à l’appétit des patrons et de ceux qui défendent leurs intérêts à l’Assemblée. Elle mène son combat de classe en faisant pression sur le gouvernement socialiste pour qu’il réalise toujours plus une politique agressive contre notre classe.
EÉLV et « frondeurs » au service de Valls
Après avoir fustigé « le retour de l’autoritarisme gouvernemental contre le débat parlementaire », les députés d’EÉLV ont refusé de présenter une motion de censure avec le Front de gauche et ont également rejeté celle de la droite. Ils expliquent qu’ils ne se livreront pas « à la politique du pire ni aujourd’hui ni demain », et annoncent déjà que lors du prochain recours au 49-3, certainement en juillet pour le passage en 3e lecture de la loi Macron, ils rejetteront encore la censure. Quelle promesse gouvernementale leur fait donc accepter aujourd’hui ce qu’ils jugeaient pourtant inacceptable hier ?
Les députés socialistes « frondeurs » se sont livrés à un spectacle pitoyable. Après avoir annoncé que le recours au 49-3 était inadmissible, qu’il était un « déni de démocratie » ou encore qu’« il faut défendre les droits du Parlement contre toute tentative de césarisme au petit pied », dixit Pascal Cherki, ils ont tous refusé la motion de censure. Et pourtant à l’Assemblée nationale, il n’y a pas de mandat impératif, chacun vote en conscience sans soumission à une discipline de parti. Et pourtant, avant le vote, eux aussi jugeaient que cette loi est « une dérive libérale, une loi de fausse modernité copiée sur Blair et Schröder »...
Construire notre expression politique
En rejetant la motion de censure, ces députés ont validé le recours au 49-3 et se sont prononcés franchement en soutien de la politique de Hollande et Valls. Au fil des mois, et malgré des déclarations tonitruantes, ils jouent finalement l’aiguillon utile à ce gouvernement qui lui permet le passage en force d’une politique en totale contradiction avec les promesses électorales, au service des intérêts du patronat contre ceux du plus grand nombre. Que risquaient-ils donc ? Une exclusion de fait du parti gouvernemental ? Leur poste de député aux prochaines législatives ?
Cet énième épisode du parlementarisme sous la 5e République confirme une fois de plus que la caste dirigeante, tous partis confondus ou presque, sait se rassembler quand il s’agit de détruire nos acquis et que non seulement nous n’avons rien à attendre des institutions mais que nous devons nous unir nous aussi, au-delà de nos divergences, pour combattre leurs politiques.
Il faut ouvrir grand le débat avec toutes celles et ceux qui luttent, qui quotidiennement refusent de voter la confiance à ce gouvernement, et n’ont pas renoncé à changer ce système.
Roseline Vachetta