Publié le Vendredi 26 décembre 2014 à 15h29.

Loi Macron : La posture ou la lutte ?

Le projet de loi « pour la croissance et l’activité » de Macron serait, selon le Premier ministre, « une loi de progrès et de liberté ». Progrès et liberté bien capitalistes : la liberté pour le plus fort d’exploiter le plus faible, le progrès pour les profits...

«Libérer », « investir » et « travailler » est le triptyque de la loi « pour libérer le potentiel inexploité de croissance et d’activité ». Il ne s’agit pas de donner du travail aux 5 millions de chômeurs ni de s’attaquer à la précarité... Non, pour les capitalistes, le chômage, la précarité sont les moteurs de leur croissance, celle des profits. Cette loi fourre-tout n’obéit qu’à une seule logique : liquider les acquis des salariéEs qui font obstacle à la liberté patronale.

Patrons et journalistes économiques à leur solde se permettent de dénoncer, au nom de la langue de bois libérale, les insuffisances d’une loi qui n’irait pas assez loin. Une façon pour eux de donner le change tout en poussant l’avantage pour demander la libéralisation totale du marché du travail. Combattre cette loi est d’abord et avant tout engager une campagne contre ces prétendues évidences libérales qui sont de vrais mensonges.

S’opposer, qui ?

Et c’est bien là où les « frondeurs » ou EéLV sont paralysés par leur propre capitulation devant les dogmes de l’économie de marché et de la concurrence. Le radicalisme des « frondeurs » ne va pas plus loin que la critique du travail du dimanche. Martine Aubry dénonce une « régression sociale ». Pour Hamon, la « société de consommation s’est immiscée partout dans nos vies. La tâche de la gauche au pouvoir n’est pas de considérer que les Français ne sont que des consommateurs. Le dimanche est un jour pour faire société, pour faire famille, je suis attaché à ce moment-là. […] Donc, si les choses devaient rester en l’état, je voterai contre les dispositions sur le travail dominical et, évidemment, je ne pourrai pas approuver cette loi. » Avant même d’engager la bataille, il recule !

Même son de cloche du côté d’Europe Écologie-les Verts. Jean-Vincent Placé est même favorable à ce « qu’on trouve des compromis » sur le nombre de dimanches où le travail serait autorisé. « Entre 5 et 12, il y a des marges de débat », a lancé Valls. Un débat pour laisser croire que le gouvernement discute avec ses prétendus opposants…

S’opposer, comment ?

« L’ensemble des articles visent à la déréglementation sociale » dit à juste titre Pierre Laurent pour proposer « une bataille essentielle que nous devons mener de façon commune ». Commune avec qui ? Les « frondeurs » ou EéLV qui ne veulent pas se battre contre le gouvernement ?

« Il faut tracer une ligne d’arrêt sur laquelle nous pourrions remporter une victoire contre le libéralisme. Ce point d’arrêt, c’est le point Macron », défend Jean-Luc Mélenchon. « Ce serait aux syndicats de porter cette mobilisation. […] On a vu comment un cadre collectif comme le « 3A » [Alternative à l’austérité] qui a convoqué la manifestation du 15 novembre contre l’austérité, a prouvé une plus grande capacité de mobilisation que les syndicats. Il réunit des associations, des syndicats et des partis. C’est la bonne alchimie pour le succès. »

Faudrait-il encore que toutes et tous s’y investissent réellement. Une manifestation aussi réussie soit-elle ne peut suffire, c’est bien un affrontement avec le gouvernement qu’il faut préparer, aller dans le même sens qu’en Belgique ou en Italie, une grève générale qui se fixe l’objectif de faire céder le gouvernement.

S’opposer, quand ?

L’intersyndicale du commerce de Paris, Clic-P, a appelé à une première manifestation le 16 décembre contre le travail du dimanche mais aussi pour réclamer le « retrait sans condition » du projet de loi Macron. Une nouvelle manifestation du commerce est appelée le 26 janvier, jour de l’ouverture des débats à l’Assemblée nationale. Le collectif 3A la soutient. C’est une première étape, mais c’est bien l’ensemble du projet qu’il faut mettre en échec.

Syndicats, partis politiques, associations doivent s’engager dans la mobilisation pour mener une campagne de dénonciation du projet de loi qui ouvre notamment le terrain à la remise en cause du CDI revendiquée par le patronat. C’est bien une véritable campagne militante qui est à l’ordre du jour pour que les travailleurEs, les jeunes, puissent prendre la mobilisation en main.

Macron prétend « remettre la France en mouvement », nous avons l’occasion de lui donner raison : en mouvement pour faire échec à son projet !

Yvan Lemaitre

Voir aussi notre dossier consacré à la présentation du projet de loi Macron en pages 6-7 et notre article sur la mobilisation dans le commerce en pages 8-9.