Publié le Vendredi 3 février 2012 à 11h06.

Main basse sur le ciel

Le patronat du transport aérien vient de lancer de nouvelles attaques contre les travailleurEs du secteur. D’abord, la semaine dernière, avec le vote d’une loi antigrève. Celle-ci oblige les salariEés à se déclarer en grève 48 heures à l’avance. Et ils/elles ne pourront changer d’avis moins de 24 heures avant. Loi scélérate, inspirée par celle appliquée depuis plusieurs années à la SNCF, elle va servir de moyen de pression, notamment dans les entreprises où les travailleurEs sont payéEs au Smic, ont des emplois précaires et connaissent les conditions de travail les plus difficiles.

Ces petites entreprises représentent la majorité des salariéEs du secteur : hôtellerie, nettoyage, assistance au sol, sûreté. Ainsi à Roissy, près de 100 000 salariéEs se répartissent dans 4 000 entreprises, majoritairement sous-traitantes d’Air France, Aéroports de Paris et des autres compagnies.

Alors que les différents gouvernements privatisent le secteur aérien depuis 20 ans, l’actuel invoque aujourd’hui les obligations de service public auxquelles devraient se soumettre les salariéEs.

Pourtant, ces salariéEs relèvent du code du travail, dans lequel le droit de grève est un droit individuel qui peut s’exercer à tout moment pour faire aboutir une revendication. Cette loi est une atteinte au code. Le patronat du secteur veut avoir le beurre et l’argent du beurre : invoquer le service public pour précariser encore davantage des salariéEs de petites entreprises.

La loi vise aussi à donner un moyen supplémentaire aux patrons pour briser la grève en mobilisant des cadres ou en affrétant des vols comme cela s’est fait massivement en octobre dernier pour la grève des hôtesses et stewards. L’ensemble des syndicats de l’aérien appellent à la grève le 6 février pour s’opposer à cette loi. À Air France/KLM, un des premiers groupes mondiaux de transport aérien, l’heure est à une remise en cause des emplois et des acquis. Alors que le transport aérien continue de progresser de 5 % par an, les dirigeants invoquent la crise pour augmenter les marges de productivité dans un secteur traditionnellement peu attractif pour les capitalistes. Ils veulent baisser la masse salariale. La nomination de Juniac, proche de Sarkozy, aux côtés de Spinetta, scelle l’alliance de deux hauts fonctionnaires tout dévoués aux politiques néolibérales.

Alors que le groupe a investi plus d’un milliard d’euros en 2011, les patrons veulent réaliser le même montant d’économie en diminuant les emplois, bloquant les salaires pendant deux ans, supprimant des congés. Ils remettent en cause les accords d’entreprise pour tous les personnels sol et navigants : dans le collimateur, développer la flexibilité et diminuer les majorations salariales (heures de nuit, dimanche et fériés), augmenter le temps de travail. Le « grave » contexte économique n’a pas empêché le nouveau PDG d’être gratifié dès son arrivée d’un modeste salaire annuel de 900 000 euros, ce qui indigne les salariéEs qui, de leur côté, devraient voir une perte de leur salaire de près de 10 % en quatre ans face à l’inflation !

La majorité des dirigeants syndicaux de l’entreprise suivent aujourd’hui le discours de la direction sur les « sacrifices nécessaires ». Gageons que dans beaucoup de secteurs de l’entreprise, les salariéEs ne seront pas dupes de cette attaque frontale. Et se battront pour leurs acquis.

Correspondant

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