Rendez-vous a été donné dans la rue vendredi 23 avril, au côté en particulier du secteur de la culture, d’abord pour abroger la contre-réforme de l’assurance chômage, mais aussi pour défendre l’emploi, contre les licenciements, les suppressions de postes et la précarité, dans un contexte où le gouvernement entend accentuer ses politiques en faveur des plus riches.
Comme le dévoilent les associations Attac et Oxfam dans un rapport qui vient d’être publié, la fortune des déjà riches explose tous les records depuis le début de la crise sanitaire. À l’échelle de la planète, la fortune des 20 personnes les plus riches a augmenté de 62 %, celle des milliardaires français de 170 milliards d’euros, soit une hausse moyenne de 40 % !
« Quoi qu’il en coûte » ?
Alors que la majorité subit les conséquences de la crise économique due au Covid (pertes d’emploi, chômage partiel…), notre beau pays compte quatre milliardaires de plus, dont le fondateur du laboratoire Moderna qui fournit un des vaccins les plus utilisés contre la pandémie. Un virus dramatique qui est donc une bonne affaire pour certains… Et les incontournables Bernard Arnault (troisième fortune mondiale), Françoise Meyer-Bettencourt (femme la plus riche du monde) et François Pinault – pour ne citer qu’eux – ont vu leur fortune déjà astronomique exploser !
Tous peuvent dire merci à Macron : le « quoi qu’il en coûte », ces aides massives accordées aux entreprises du CAC 40 sans aucune contrepartie, leur a bien profité, ainsi que la générosité de la Banque centrale européenne (BCE) qui a injecté des centaines de milliards d’euros sur les marchés financiers. Le contraste avec la politique du gouvernement pour la grande majorité de la population n’en est que plus cruel, par exemple en mettant encore plus sous pression les chômeurEs et précaires avec une réforme de l’assurance chômage qui va baisser les indemnités d’un million de personnes.
Un mouvement maintenu dans la culture
Dans ce contexte, le mouvement d’occupation des théâtres et lieux de culture ne faiblit pas. Toujours en tête des revendications : l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage. Cela fait des années que la France n’a pas vu de mouvement massif de chômeurs, chômeuses et précaires. Pourtant, on observe une double dynamique : le nombre de contrats précaires se multiplie et tend à devenir la norme des conditions d’emploi ; et dans le même temps, les droits sociaux qui accompagnaient et compensaient cette précarité sont peu à peu détruits.
Historiquement, les intermittentEs du spectacle ont toujours fait exception en parvenant, mobilisation après mobilisation, à empêcher, au fil des années, la casse de leurs droits. Mais les dernières années ont vu aussi les assistantEs maternels entrer dans ce combat, ainsi que des saisonnierEs. Dans le mouvement actuel, notamment à Paris, de nombreux et nombreuses travailleurEs de l’événementiel sont présents, ainsi que des guides-conférenciers. Mais ces convergences, pour foisonnantes et riches qu’elles soient, n’en demeurent pas moins trop marginales, et pas à la hauteur du rapport de forces qu’il nous faut construire. Le risque, en l’absence de convergences « durables » avec d’autres secteurs, en l’absence de mobilisation large et interprofessionnelle, est l’étouffement, peu à peu, du mouvement. Nos efforts doivent donc aller en ce sens dans les semaines qui viennent.
Faire tomber la contre-réforme de l’assurance chômage !
Le 23 avril prochain, tous les lieux occupés, ainsi que la CGT Spectacle et SUD Culture Solidaires, appellent à une journée de mobilisation et de grève contre la réforme de l’assurance chômage. La CGT Spectacle et SUD ont déposé des préavis de grève. C’est l’occasion à ne pas manquer pour commencer à impulser un vaste mouvement de chômeurEs et précaires.
Cette réforme, rappelons-le, est d’une violence inouïe et elle est dénoncée par tous les syndicats, y compris la pourtant très conciliante CFDT. Cette réforme, si elle passe, aura pour conséquence une baisse en moyenne de 40 % des revenus des plus précaires : en effet leur taux d’indemnisation ne sera plus calculé sur la base de leur temps de travail effectué, mais sur la base de toute la période travaillée : selon que l’on aura travaillé six mois d’affilée ou trois fois deux mois pendant un an, le calcul de l’indemnité ne sera plus du tout le même. Dans le deuxième cas, cela reviendra davantage à un petit à côté pour compléter les « petits jobs », pourquoi pas au noir, que ces travailleurEs précaires ne seront plus en mesure de refuser pour pouvoir tout simplement survivre.
Une telle réforme touche évidemment directement les précaires, mais fragilise par là-même touTEs les travailleurEs. Plus « l’armée de réserve du capital » que représentent les sans-emploi est proche de la misère, et plus la pression à la baisse des salaires, à l’augmentation des cadences, et aux heures sup non rémunérées est haute. Cette réforme de l’assurance chômage est un moyen de nous mettre toujours plus à la merci des patrons.
Alors, partout où nous sommes, depuis nos lieux de travail, via nos UD, nos collectifs interluttes, nos AG interpros : construisons la date du 23 avril et jetons les bases d’un mouvement interprofessionnel, pour combattre la réforme de l’assurance chômage et, au-delà, les politiques antisociales du gouvernement Macron-Castex !