Lundi, après l’annonce par la direction de 2 900 licenciements, la colère des salariéEs d’Air France a explosé. « Direction irresponsable », « ras-le-bol d’être mis les uns contre les autres », «Valls arbitre vendu ! », clamaient les manifestantEs...
Ministres et politiciens s’offusquent de la violence des salariéEs mais ils n’ont aucun mot contre la violence quotidienne que ces derniers subissent, celle des conditions de travail, des bas salaires, des licenciements, du chômage, de la précarité. La révolte des salariéEs d’Air France est légitime.
Provocations
Oui, il est temps qu’explose la colère du monde du travail contre les remises en cause permanentes de ses acquis et les provocations incessantes et méprisantes dont Macron s’est fait le spécialiste. Oui, ras-le-bol de leur cynisme, de leur mépris, de la guerre qu’ils mènent contre l’immense majorité de la population.
Qu’il s’agisse de la casse du code du travail, dont le rapport Combrexelle annonce une nouvelle étape visant à réduire à néant les garanties collectives qui existaient encore, des attaques contre les 35 heures dans le privé comme chez Smart où les patrons veulent faire travailler 39 heures payées 37 ou dans le public (remise en cause des accords RTT à l’AP-HP et dans nombre d’hôpitaux), de l’attaque contre le statut des fonctionnaires avec le PPCR (Parcours professionnel, carrières et rémunérations), ou pour les chômeurEs – dont le nombre vient d’augmenter de 20 000 en août – du nouveau dispositif de « contrôle » mise en place par Pôle emploi pour les fliquer !
Démagogie électorale et austérité
Hollande et Sapin, son ministre du Budget, ont annoncé des baisses d’impôt pour 8 millions de contribuables juste avant les élections régionales et présidentielles. Par cette petite manœuvre, ils espèrent gagner les voix des principales intéressées, les classes moyennes. Pas question de toucher à la TVA, l’impôt le plus injuste, ces baisses d’impôt étant financées par de nouvelles économies !
Par ailleurs, rien que sur l’année qui vient, 33 milliards d’euros iront directement dans les poches des patrons sous forme de baisse des cotisations patronales sur les salaires, baisse de l’impôt sur le chiffre d’affaire, suppression de la contribution exceptionnelle payée jusque-là par les entreprises, Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), ou pour « l’incitation à l’investissement et à l’emploi » dans les PME…
Pour financer ces subventions au patronat et la démagogie électorale de Hollande, ce sont les plus défavorisés qui payent par des économies sur les allocations sociales ou les allocations logement. Ce sera aussi une accentuation de la baisse des dépenses de l’État. On parle « d’efforts » de 10 milliards pour la Sécurité sociale et les collectivités locales, et de 16 milliards en tout pour les administrations publiques. L’objectif des 50 milliards d’économies sur 2015-2017 est maintenu au détriment des services publics qui pourtant fonctionnent avec des budgets déjà insuffisants.
Défendre ses intérêts, se révolter
Face à cette offensive planifiée, déterminée, les organisations syndicales sont paralysées, n’ayant à proposer que des simulacres de « journées d’action » sans perspective ni plan d’ensemble. Elles restent empêtrées dans le prétendu « dialogue social ». Il y a urgence à casser ce jeu de dupes. Valls vient de décider unilatéralement que l’accord PPCR sur les fonctionnaires serait appliqué... bien que les syndicats représentant la majorité du personnel de la fonction publique n’aient pas signé. Qu’importe, « l’immobilisme dans notre pays n’est pas possible », dixit Valls. Le dialogue, seulement quand ça les arrange !
Le seul langage qui peut les faire reculer, c’est celui de la colère, de la révolte contre une politique qui produit sans cesse davantage d’exploitation, de misère, de chômage, et entraîne sur les lieux de travail comme dans les cités et les quartiers une terrible régression sociale, le désespoir.
La réponse dépend des travailleurEs et de la jeunesse, de leur capacité à reprendre en main leurs organisations et leurs luttes, à discuter de leur propre politique pour défendre leurs intérêts. La journée du 8 octobre en est l’occasion afin que, comme à Air France, la colère ouvrière et populaire explose.
Yvan Lemaitre