Publié le Mercredi 12 février 2020 à 10h01.

Oui, nous irons jusqu’au retrait

En décembre, le gouvernement a tenté de jouer la trêve de Noël pour enrayer la mobilisation. Les grévistes et celles et ceux qui les soutenaient, même en vacances, ont répondu « Pas de retrait, pas de trêve ». Aujourd’hui c’est de nouveau sur les congés scolaires qui vont s’étirer sur un mois que le gouvernement compte pour invisibiliser le mouvement de rejet de sa contre-réforme et étouffer l’ensemble des mobilisations.

 Alors bien sûr la situation n’est plus celle de décembre. Après deux mois de grève reconductible, notamment à la SNCF et à la RATP, mais aussi avec de nombreux secteurs en lutte prolongée comme les salariéEs du traitement des déchets, des raffineries, des ports et docks, de la culture, de l’énergie, les avocatEs, les enseignantEs et les lycéenEs, il est indispensable de tirer des bilans pour préparer une deuxième phase. 

Un point d’étape

Tirer les bilans, c’est discuter avec les collègues au boulot, dans les interpros qui continuent de se réunir, dans son quartier pour comprendre pourquoi le privé mais aussi certains secteurs du public, n’ont pas massivement rejoint le mouvement. Et pourquoi certainEs sont partis dès le 5 décembre et les autres mi-décembre, en janvier...

C’est aussi débattre dans les syndicats autour de la dispersion des dates, des trous dans le calendrier, mais aussi des difficultés à mobiliser contre une réforme qui pourtant nous frappe toutes et tous. Dénoncer la participation aux concertations sur un financement qui ne pourra se faire qu’à nos dépens, et discuter des mesures qui répondent aux besoins immédiats des salariéEs et des retraitéEs : augmentation des salaires, des indemnités de chômage et des pensions de 300 euros et égalité salariale femmes-hommes, arrêt du temps partiel imposé et embauches en CDI avec réduction du temps de travail pour travailler toutes et tous. Voilà qui assurerait de remplir les caisses de retraite.

Préparer l’avenir c’est organiser la solidarité pour celles et ceux qui ont vu leurs salaires gravement réduits par le retrait des jours de grève. Cela passe par la solidarité financière des caisses de grève mais aussi le soutien de proximité aux collègues en difficulté pour payer loyer, cantine ou vacances pour les enfants. 

C’est aussi organiser la solidarité contre la répression, par le soutien de toutes celles et ceux qui sont attaqués, mais aussi par une campagne politique. Car la violence de la répression est une mesure de l’incapacité du gouvernement à convaincre, et de la crainte que nos mobilisations provoquent.

Prendre la mesure des rapports de forces

Bien sûr nous n’avons pas encore obtenu le retrait et, malgré l’impopularité de sa réforme, le pouvoir est décidé à passer en force. La simulation qu’il ose proposer est dénoncée par les économistes de droite et de gauche comme un enfumage dont ne sort clairement qu’une baisse considérable des pensions pour quasiment toutes et tous, avec aussi des baisses sur les pensions des actuels retraitéEs quand le gouvernement imposera les mesures nécessaires pour l’équilibre des comptes. 

La grève a renforcé la légitimité des mobilisations sectorielles contre l’ensemble des politiques du gouvernement. Loin de s’être débarrassés des revendications des hospitalierEs, qui appellent à une journée de manifestation nationale le 14 février, le gouvernement et son ministre bégaient face au mouvement des lycéenEs contre le bac Blanquer. La mobilisation est en train d’imposer au pouvoir de revenir sur une réforme qu’il imposait de manière tellement irresponsable qu’il a réussi à mobiliser élèves, parents et enseignantEs contre lui. C’est une démonstration du fait que l’acharnement peut remettre en cause même ce qui a été voté.

Trouver un deuxième souffle

Plusieurs syndicats de la RATP appellent à un lundi noir dans les transports le 17 février, l’intersyndicale à une nouvelle journée nationale le 20. Le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, apparu en nombre le 6 février, appelle à une grande journée de mobilisation le 5 mars. Des occasions de consolider la mobilisation là où les luttes n’ont pas cessé, de la relancer ailleurs. Avec comme objectif une nouvelle vague de grèves, vers l’élargissement, la généralisation, en s’appuyant sur toutes les colères. Le NPA propose que soit organisée une manifestation nationale à Paris, rassemblant tous les secteurs, tous les acteurEs en lutte, en direction des lieux de pouvoir, c’est un objectif à mettre en débat partout, dans les syndicats, les AG interpro, sur les lieux de travail et d’études, dans les quartiers.

La construction de la grève des femmes le 8 mars, journée de mobilisation internationale pour les droits des femmes, est aussi une étape de ce touTEs ensemble pour gagner. En novembre dernier les grandes manifestations féministes avaient participé de la préparation de la grève du 5 décembre, et nous n’oublions que face aux graves crises du système capitaliste, les manifestations des femmes, premières victimes des attaques antisociales, ont été à de nombreuses reprises le point de départ de puissantes mobilisations et même de révolutions pour changer la société.