Les chiffres du mois d’août viennent de tomber (+ 20 000 inscrits) et la durée moyenne de la durée du chômage augmente (près de 18 mois)… C’est dans ce contexte qu’a débuté ce 1er octobre la généralisation du contrôle des chômeurs. L’ argument officiel : mieux accompagner les demandeurs d’emploi !
Dans les faits ça se passera comme cela : un premier contrôle sera fait à distance dans le dossier informatique, sur l’espace personnel, au travers de l’utilisation ou pas d’outils de recherche mis en ligne (création de profils, CV en ligne, abonnements aux offres…). En cas de doute, un questionnaire sera envoyé, puis un contact téléphonique, et enfin en cas de doute persistant une convocation à un entretien de contrôle… Les motivations de cette « police privée » de Pôle emploi ? Augmenter la pression sociale sur les chômeurs et les agents de Pôle emploi. Pourtant il y a 5,5 millions de chômeurs inscrits... pour 320 000 offres sur le site de Pôle emploi !
La mise en œuvre des politiques de contrôle et de sanction des chômeurs n’a jamais été évaluée en France. Aucune étude sérieuse permettant une analyse précise de ces mécanismes n’a été menée. Les seules études menées en Europe montrent sans surprise que les emplois retrouvés sont précaires et mal payés. Par ailleurs, la menace du contrôle influe sur les stratégies de recherche d’emploi. Le chômeur, susceptible d’être contrôler, se concentre sur des formes de recherche d’emploi observables, et donc contrôlables. Quitte à ce que ces canaux ne soient pas les plus opérants…
La pression et le contrôle, mais pas pour tout le monde...
Le but final de tous ces contrôles est donc bien d’augmenter la pression sur les seuls demandeurs d’emploi pour qu’ils acceptent n’importe quel petit boulot sans sourciller. Au-delà des équipes spécialisées (200 agents en tout), il s’agit aussi d’associer tous les conseillers à ce contrôle (ils seront par exemple avertis des chômeurs en cours de contrôle), et il est également prévu explicitement d’encourager les conseillers à faire du « signalement » de demandeurs d’emploi aux équipes de contrôle. En clair de la délation !
En ce qui concerne les entreprises, c’est tout le contraire qui se met en œuvre. Les entreprises peuvent enregistrer et diffuser leurs offres sans passer par un conseiller et maintenir des pratiques en terme de recrutements sans aucune dispositions contraignantes de la part de Pôle emploi. Sans parler des milliards d’exonération de cotisations... sans aucun résultat.
Après une action unitaire le 9 juillet dernier (lors du vote du CCE de Pôle emploi sur ce dispositif), d’autres actions associant organisations de chômeurs et certains syndicats ont eu lieu (ainsi une occupation Pôle emploi à Toulouse) ou sont prévues, notamment un forum1 les 24 et 25 octobre à Paris. Au programme, des tables rondes sur l’indemnisation du chômage, minima sociaux, fonctionnement de Pôle emploi, pour un nouveau statut du salarié ou du producteur. Et aussi des perspectives d’actions, avec l’élaboration d’une plateforme, notamment en vue des « négociations » de la prochaine convention assurance chômage. À suivre.
Correspondant
- 1. À l’initiative d’AC ! (Agir ensemble contre le chômage) avec le soutien et la participation de : Mouvement national des chômeurs et des précaires (MNCP), Association pour l’emploi, l’information et la solidarité (APEIS), Coordination des intermittents et précaires (CIP), Réseau salariat, Actu-chômage, Syndicats SUD-Pôle emploi et SNU-FSU Pôle emploi, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Fondation Copernic... Voir le communiqué unitaire.