28 avril, 1er Mai, 3 mai : voilà encore trois journées supplémentaires à notre actif de manifestations, de grèves, de blocages, d’assemblées sur nos lieux de travail ou d’études, de discussions lors de Nuits debout... Autant de preuves que, plus que jamais, le mouvement contre la loi El Khomri continue !
Le 28 avril, les forces de police se sont déchaînées contre les manifestantEs : un jeune a perdu un œil à Rennes, il y a eu des tirs tendus de grenades lacrymogènes contre le cortège de Solidaires à Marseille, deux syndicalistes ont été arrêtés sur le port de Gennevilliers suite à un blocage et placés sous contrôle judiciaire... Au total plus de 200 blesséEs et plus de 200 arrestations. Et le 1er Mai, la police a encore une fois gazé les cortèges et arrêté de nombreux manifestantEs, notamment à Paris.
Devant la ténacité du mouvement contre la loi travail, le gouvernement et ses chiens de garde agressent les travailleurEs, les jeunes et leurs organisations pour tenter de les intimider afin d’imposer sa loi. Valls et Cazeneuve sont les seuls responsables des violences lors des manifestations en donnant l’ordre aux CRS d’être en permanence au contact des manifestants, en envoyant ses flics en civil, provoquer et casser dans les manifs. Ils attaquent ouvertement les syndicats opposés à la loi travail et reçoivent le soutien de la droite et de l’extrême droite qui réclament l’interdiction des manifestations et de Nuit debout.
Tous ces gens, défenseurs des riches et du Medef, des banques, ont peur. Ils voient bien que le mouvement qui s’est levé rejette leur système injuste et inhumain où une poignée de privilégiés s’enrichissent sans limite au détriment de la majorité de la population.
La légitimité est de notre côté
Ils ont peur, provoquent et répriment parce qu’ils savent fort bien que leur politique ne sert pas les intérêts de la population mais celle des banques et des multinationales. Ils savent bien que leur cinéma sur la reprise, c’est du bidon : le chômage ne recule pas... c’est le nombre de chômeurEs indemnisés qui recule tandis que le nombre de précaires, lui, augmente ! Ils savent que si « ça va mieux » comme le prétend Hollande, ce n’est que pour les profits et les salaires des patrons mais pas pour les salariéEs, pas pour les jeunes.
C’est pourquoi leur politique d’intimidation ne doit pas nous faire reculer bien au contraire. D’une certaine façon, gouvernement, droite et FN sont en train de convaincre largement que la légitimité des revendications du mouvement est totale. Oui, il faut imposer le retrait de la loi El Khomri et pour cela, il faut commencer à établir un autre rapport de forces… et que les journées de grève espacées que nous connaissons depuis le 9 mars n’ont pas suffi à imposer !
Pour contraindre le gouvernement à céder, nous avons besoin de construire un mouvement d’ensemble qui paralyse l’économie, une grève générale. Il est nécessaire que tous les salariéEs arrêtent de travailler au même moment, pas une seule mais plusieurs journées de suite, que le pays et la production s’arrêtent.
Un joli mois de mai... pour la grève générale !
Si une nouvelle journée de grève interprofessionnelle, couplée avec une nouvelle grève à la SNCF contre la casse du statut des cheminotEs, est programmée pour la mi-mai par l’intersyndicale nationale, l’enjeu sera de faire en sorte que celle-ci soit bel et bien – enfin – le début de la grève qu’on « reconduit » comme l’a dit Martinez, le dirigeant de la CGT, au meeting de Nuit debout le 28 avril à Paris après la manifestation. Cela se fera en discutant, sur nos lieux de travail, en assemblée générale, en osant franchir le pas vers un mouvement qui dure et qui engage enfin le vrai bras de fer.
Souvent, nous nous sommes battus isolés les uns des autres, et souvent nous avons perdu. Aujourd’hui, nous voyons enfin la possibilité de regrouper nos forces et de mettre un coup d’arrêt au gouvernement et au patronat. Pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisés contre la fermeture de leur entreprise, contre des licenciements ou contre les suppressions de postes dans la fonction publique, pour toutes celles et ceux qui refusent le travail le dimanche, pour toutes celles et ceux qui se battent pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, pour toutes celles et ceux qui n’en peuvent plus de la misère et de la précarité, c’est aujourd’hui l’occasion de faire bloc et de gagner. Ayons confiance dans nos forces, celles du nombre, celles d’une classe sociale qui fait marcher la société et qui a donc le pouvoir de la bloquer.
Marie-Hélène Duverger