Publié le Samedi 16 juillet 2011 à 09h52.

Quand la Sécu propose des économies

La Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a adopté 26 propositions, visant à faire économiser 2,2 milliards d’euros à la Sécurité sociale, dans la perspective de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2012. En cette année électorale, la Cnam évite les sujets qui fâchent le plus, comme les affections de longue durée (voir Tout est à nous ! n° 110). Elles seront à l’ordre du jour de la campagne électorale. Elle ne propose néanmoins, pour l’essentiel, que des mesures restrictives ayant des conséquences négatives pour les malades.

La seule proposition allant dans un sens positif est la réduction des marges des laboratoires pharmaceutiques, par une baisse du prix de certains médicaments (ulcères, cholestérol et hypertension), dont la Cnam attend 700 millions d’euros d’économies. 700 millions en moins pour les actionnaires et en plus pour la Sécu, on n’est évidemment pas contre !

La Cnam préconise également le transfert de certains actes pratiqués à l’hôpital ou par des professionnels de santé qualifiés vers des « centres autonomes » ou d’autres professionnels libéraux.S’il s’agissait de créer des centres de santé publics et gratuits, permettant d’apporter des réponses aux besoins de soins au plus près de la population, ce serait une bonne nouvelle. Mais les propositions faites ne semblent pas s’orienter dans ce sens. Il s’agit plutôt d’aller vers une réduction des coûts, en transférant certains actes vers des professionnels libéraux n’ayant pas nécessairement la qualification requise. Le risque est donc des soins de moindre qualité et coûtant plus cher au patient, les soins de ville étant beaucoup moins bien remboursés que les soins hospitaliers.

Les autres propositions de la Cnam ne sont qu’une nouvelle aggravation des attaques contre les patients : diminution du remboursement de certains traitements comme l’apnée du sommeil ou les prothèses de hanche, nouveau durcissement sur les arrêts de travail ou restrictions des prescriptions de kinésithérapie. Les propositions de la Cnam s’inscrivent totalement dans la perspective gouvernementale de « réduction des déficits », alors que la véritable question est celle de la part des richesses permettant de financer un système de soins de qualité pour tous.

Le Medef, l’UMP et Sarkozy rêvent de supprimer le financement de la Sécurité sociale par les cotisations sociales versées par les employeurs, pour les remplacer par la TVA, impôt le plus injuste, payé surtout par les classes populaires. La Cnam apporte elle aussi sa contribution au combat pour prendre aux pauvres afin de donner aux riches. Elle se déclare favorable à l’augmentation de la CSG de 6,6 à 7,5 % pour les retraités imposables, ce qui n’est rien d’autre qu’une baisse des pensions.

Simultanément, elle préconise d’augmenter les cotisations versées par l’État en tant qu’employeur… mais pas celles du patronat du secteur privé.

Pour financer la Sécu, mieux vaut donc, selon la Cnam, prendre aux retraités qu’aux patrons du privé. Tout un programme !

Jean-Claude Delavigne