Dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril, un mécanicien de Renault Cléon s’est pendu dans l’usine. Il a laissé deux courriers : un pour sa famille et un à l’attention de la direction. Ses propos sont sans équivoque : « Merci Renault. Merci ces années de pression (…) Le droit de grève n’existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l’incertitude de l’avenir sont de bonne guerre, paraît-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos »…Ce salarié avait participé activement aux grèves, de fin décembre 2012 à mi-mars 2013, contre le projet d'accord compétitivité-emploi. À cette occasion, une partie de l'encadrement avait effectivement menacé certains salariés grévistes, en équipe de nuit, de les « redescendre » en équipe 2x8, avec la perte financière très importante qui en résulterait.Le vrai visage de la compétitivitéCe geste désespéré intervient quelques semaines après la signature de l’accord compétitivité-emploi chez Renault, alors que la direction s'apprête à l'appliquer dans ses différents sites. À Cléon, cela va se solder notamment par un très net allongement du temps de travail (21 jours par an pour les travailleurs en 2x8), sans modification de rémunération !Destruction d'emplois, dégradation des conditions de travail, réorganisations permanentes, mise en concurrence des salariés, pressions de la hiérarchie, voilà les produits de la politique de « compétitivité » menée par Renault. Parce qu'il la mettent en œuvre, l'entreprise et son PDG Carlos Ghosn, nommément cité dans la lettre, portent une très lourde responsabilité dans ce nouveau drame humain. C’est pour le dénoncer que la CGT a appelé à un débrayage vendredi 16 avril, suivi par 50 salariéEs en équipe de nuit, 250 en matinée et journée et 200 en après-midi.Correspondants
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