Après les patrons, c’est au tour du gouvernement de sonner la charge contre le repos dominical. Non content de s’être attaqué à nos emplois puis à nos retraites, ils veulent désormais nous déposséder de notre temps libre ou transformer ce dernier exclusivement en temps marchand. Or, c’est bien un acquis ouvrier et laïque, remontant à 1906, qu’il s’agit de défendre.
Fabius, dont le portefeuille ministériel comprend le tourisme, a plaidé en faveur de l’élargissement de l’ouverture dominicale des magasins : « uniquement dans les zones très touristiques, à proximité des gares, des aéroports et dans un certain nombre de quartiers ». Puis Jean-Marie Le Guen, qui proposait il y a peu de s’attaquer à « la rigidité du code du travail », lui a emboîté le pas, car « quand vous avez un flux touristique aussi important, il faut profiter de la manne. » Enfin, Aurélie Filippetti s’est déclarée favorable à l’extension du travail dominical aux commerces culturels face à la concurrence d’Amazon et pour contribuer à l’animation des zones dites touristiques... Qu’on se rassure, Rebsamen, le nouveau ministre du Travail, a posé ses conditions : « dans des zones ultra touristiques », sur la base du « volontariat » et avec « des augmentations sensibles des salaires ». Sans doute une manière de tempérer la publication d’un nouveau rapport sur le sujet commandité par plusieurs fédérations patronales, qui propose, entre autres, d’augmenter les activités pouvant ouvrir de droit ce jour-là, de passer le nombre annuel d’ouvertures dominicales autorisées de 5 à 15 et de permettre « le travail du soir », manière de rebaptiser pudiquement le travail de nuit, pourtant retoqué par le Conseil constitutionnel… Cerise sur le gâteau : Jean-Claude Bourrelier, PDG de Bricorama, dont l’entreprise a été lourdement condamnée pour ouverture dominicale illicite, s’est vu remettre la légion d’honneur...
Le reniement, c’est maintenant ! Le hic, c’est que, selon les chiffres publiés par le propre ministère de Fabius, les dépenses des touristes dans le commerce de détail n’atteignent pas 10 % de la dépense touristique totale, soit 0,2 % du PIB et non 7 % comme ce dernier l’a déclaré. Plus encore, le solde d’emplois détruits dans les petits commerces face à ceux promis par les grandes enseignes se révélerait négatif. Quant à la situation des travailleurs dominicaux, c’est le PS qui en parle le mieux : « Contrairement à ce que prétend le gouvernement, le libre consentement à une telle organisation du travail serait en pratique impossible à vérifier, en particulier en période de difficultés économiques, les possibles chantages à l’emploi anéantissant en réalité toute liberté de choix. Cette évolution aurait donc inéluctablement pour conséquence de contraindre des milliers de salariéEs à travailler le dimanche. » Il est vrai que cette déclaration remonte à 2009, date à laquelle le gouvernement Fillon s’attaquait lui aussi au repos dominical via la loi Maillé… Le CLIC-P compte rapidement mobiliser le personnel concerné, en particulier celui des grands magasins. Les syndicats SUD de la Fnac et de Virgin ont dénoncé la position de la ministre de la Culture car l’ouverture dominicale n’a pas empêché la fermeture des Mégastore… Au nom de leur crise, on veut liquider un acquis qui entrave la fluidité du capital, avide d’exercer son emprise 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. On ne se laissera pas faire !
LD