Édouard Philippe osait déclarer samedi soir qu’« il ne laissera personne dire qu’il y a eu du retard dans les décisions ». Une illustration de plus de la pitoyable et mortifère politique du gouvernement. Mais, à force de mensonges, de déclarations contradictoires, la population est devenue de moins en moins encline à croire les messages gouvernementaux.
Après avoir nié la gravité voire l’existence de la pandémie, le gouvernement a retardé la mise en place de mesures qui devenaient de plus en plus urgentes. Sous la pression d’une partie d’un patronat voulant préserver le plus longtemps possible l’activité économique, le gouvernement a fait perdre de précieuses semaines à la lutte contre la pandémie. Et, pendant ce temps, le président allait au théâtre…
Pouvoir incompétent
Le samedi 29 février, alors qu’un conseil des ministres était convoqué pour, officiellement, prendre des mesures contre la pandémie, le pouvoir s’en servait pour accélérer la procédure de vote de la contre-réforme des retraites en annonçant le recours au 49.3, sans avancer de mesures concrètes pour fournir les moyens humains et matériels indispensables pour affronter le coronavirus. Le 12 mars au soir, Macron annonçait la fermeture des établissements scolaires, critiquée le midi même par le ministre de l’Éducation nationale. Il présentait surtout des mesures pour soutenir l’activité économique, mais rien d’autre qu’une « héroïsation » des personnels de l’hôpital public, tout en maintenant le premier tour des élections municipales. Quelques jours plus tard, reconnaissant la gravité de la situation, il dénonçait et réprimait les comportements jugés « irresponsables ». Comme si la première des irresponsabilités n’était pas à chercher du côté du pouvoir !
Des mesures contre les travailleurEs, peu pour la santé
Après des semaines à mentir, à nier l’évidence, Macron s’est présenté le 31 mars en sauveur suprême, commandant masques, gel hydroalcoolique, respirateurs, etc., après en avoir organisé la pénurie et retardé les commandes et fabrications. Tout cela en se gargarisant de l’ouverture de lits dans les hôpitaux, alors qu’eux et leurs prédécesseurs en ont fermé une centaine de milliers et que le gouvernement Macron-Philippe a refusé d’entendre la colère et les alertes des personnels soignants mobilisés depuis plus d’un an ! Pire encore, le président se permet de qualifier d’irresponsables celles et ceux qui osent rappeler l’évidence de la… responsabilité de ce gouvernement comme de ceux qui l’ont précédé. Macron, responsable et coupable, qui ose en appeler à l’unité alors que sa politique donne plus de moyens aux entreprises qu’aux soignantEs et à celles et ceux qui assurent les activités réellement indispensables.
Ils se gardent de prendre des mesures radicales comme l’arrêt de toute activité non liée aux soins des malades et aux besoins essentiels de la population. Pas question non plus d’imposer une protection efficace des salariéEs exerçant dans le cadre d’activités indispensables. La ministre du Travail préfère empêcher les travailleurEs de faire usage de leur droit de retrait et faire pression sur les inspecteurEs du travail pour qu’ils se contentent de conseiller les employeurs. Plutôt que d’imposer des embauches, ils préfèrent allonger le temps de travail, réduire les temps de repos, imposer des prises de congés pendant le temps du confinement… Pour eux, rien n’a changé, malgré la pandémie et la crise sanitaire : tout pour le capital, rien pour les salariéEs.
Imposer les réponses aux besoins essentiels
Les mesures radicales indispensables sont connues et restent à prendre : dépister massivement, arrêter les activités non indispensables, fournir du matériel, soigner.Pour cela, il faut restructurer la production afin de fournir le plus rapidement possible masques, gel hydroalcoolique, produits et matériels pour tester la population, appareils respiratoires. Réquisitionner tous les secteurs privatisés dans la santé : hôpitaux, cliniques, centres médicaux, Ehpad, industrie pharmaceutique... Embaucher massivement sous statut dans la santé, y réduire le temps de travail et y revaloriser les salaires. Interdire les licenciements, y compris des précaires. Réduire au maximum le nombre des prisonnierEs. Ouvrir les centres de rétention. Arrêter les procédures d’expulsion et réquisitionner les logements nécessaires pour faire cesser la précarité dans l’habitat.
Nous n’avons aucune d’illusion. Ce n’est pas ce gouvernement, responsable après tant d’autres de l’affaiblissement de notre système de santé, qui prendra ces mesures. Et ce ne sont pas les pathétiques déclarations d’un Bruno Le Maire (« Il faut un nouveau capitalisme, plus respectueux des personnes. »), qui font immanquablement penser aux élans pseudo-humanistes de Nicolas Sarkozy lors de la crise de 2008, qui y changeront quoi que ce soit. Nous devrons imposer ces solutions, par nos mobilisations, en refusant les injonctions au silence et à « l’unité nationale », avec l’objectif d’un indispensable changement radical de société pour répondre à la satisfaction des besoins essentiels.