Depuis le 19 novembre 2010, le personnel du site de Chezal-Benoît (Cher) se bat contre la mise en place du plan directeur (voir Tout est à nous ! n° 89). Jeudi 19 mai, les syndicats du personnel, des élus locaux et le NPA 18 ont empêché la tenue du Conseil technique d’établissement (CTE) de l’hôpital en occupant les locaux. Le plan directeur prévoit, d’une part, la suppression de deux pharmacies sur les trois existantes et leur regroupement sur le site de Bourges avec la mise en place d’un robot et, d’autre part, la suppression des gardes médicales de nuit dans l’établissement.
L’option d’automatisation du circuit du médicament est soumise à une prétendue étude de faisabilité, mais la suppression de la pharmacie de Chezal est déjà largement envisagée, avec transport des usagers par navette vers Bourges. Grâce au combat du personnel sur la suppression des gardes de nuit, la direction a fait une nouvelle proposition : celle de l’astreinte à domicile du médecin, avec un ordinateur relié aux dossiers des patients et des consultations par téléphone. Cette mesure pose un lourd problème d’éthique à plusieurs médecins qui l’ont fait comprendre lors de la dernière réunion de la commission médicale d’établissement.
À travers ce plan, c’est tout le fonctionnement du suivi psychiatrique qui est remis en cause.Deux logiques s’affrontent : celle des enjeux économiques, de l’efficacité, de la gestion, du coût, représentée par le directeur de l’établissement Jean-Paul Servier, au service du gouvernement via l’Agence régionale de santé (ARS) du Centre, et celle de l’ensemble du personnel soignant qui n’a pas oublié qu’il est là avant tout pour prodiguer des soins à tous et dans les meilleures conditions.
C’est le fondement même du système de santé qui est remis en cause, à savoir l’égalité d’accès aux soins pour tous. Nous sommes entrés dans l’ère de l’hôpital-entreprise. Les réformes actuelles ne sont pas dictées par les conséquences des évolutions technologiques et démographiques. Elles sont motivées par des préoccupations de politique économique et fait entrer l’impératif de compétitivité et de centralité au sein même du système de santé. La loi Bachelot et la création des ARS ne fait qu’accélérer le processus entamé il y a dix ans. Le secteur médical qui influençait autrefois les politiques a laissé la place au lobby des assureurs et des grands gestionnaires des cliniques privées. Ce déclin a commencé par l’instauration de la tarification à l’activité (T2A). Le budget d’un hôpital est maintenant directement lié aux nombres d’actes et de consultations, donc à son activité. Ce système ne fait qu’entraîner des fermetures de services et devient un cercle vicieux. Il est le principal responsable de la désertification rurale de la santé. Ce système favorise par ailleurs les cliniques privées qui s’arrangent pour ne s’occuper que des pathologies les plus rentables.
Le personnel de Chezal-Benoît occupe chaque jeudi les locaux administratifs de l’établissement pour dénoncer ces mesures. Mais il se bat au quotidien pour que tout fonctionne envers et contre tout. Il faut se battre avec eux et avec tous les autres contre cette casse de l’hôpital et dénoncer à chaque fois que c’est possible les catastrophes engendrées par la loi HPST.
Les « Marie » du NPA 18