Bilan en demi-teinte... Au soir du 10 septembre, les sentiments étaient partagés entre un certain soulagement devant une journée qui avait mobilisé près de 300 000 personnes dans les rues et la compréhension que cela était bien insuffisant au regard des enjeux posés par la contre-réforme du gouvernement.
La mobilisation était bien sûr la plus importante depuis la mise en place du gouvernement Hollande. Pour mémoire, les mobilisations contre l’ANI de mars et avril 2013 n’avaient mobilisé guère plus de 100 000 manifestantEs, tout comme le 1er Mai. Si la relative ampleur interdit aux organisations syndicales d’enterrer la lutte, il nous reste à trouver les ressorts nécessaires à un développement à la hauteur des reculs que signifierait l’adoption de la réforme Ayrault.
Estimant que les difficultés sur cette question sont derrière lui, le gouvernement passe à autre chose : la généralisation du tiers-payant pour les consultations de son médecin généraliste, largement reprise par les médias, va être présentée comme la réalité de l’ancrage à gauche du gouvernement.
Des résistances
S’il ne convainc pas sur la justesse des mesures contenues dans le projet de loi, le matraquage médiatique sur la nécessité d’augmenter le nombre d’années de cotisation pour une retraite pleine et entière tend à justifier la réforme. C’est d’ailleurs la posture de la CGT et de la FSU qui, en continuant à valoriser les mesurettes censées être des contreparties réelles à l’allongement de la durée de cotisation, refusent de se prononcer pour le rejet du projet, et centrent leurs argumentaires sur des aménagements du projet, notamment autour de la question du financement.
L’impopularité du Président, du Premier ministre et du projet de loi, même portée en partie par la droite et l’extrême droite, montre l’existence d’un fort mécontentement, de possibilité de ripostes. Les mobilisations à PSA contre la mise en œuvre de l’accord compétitivité, à la SNCF ou à La Poste contre les restructurations, contre les fermetures de sites et les licenciements, les luttes dans le secteur de la santé, sont autant d’indices de l’existence de résistances. Ces luttes sont encore à la recherche de victoires significatives qui permettraient de valider largement le slogan « la lutte paie ». C’est sur ces braises que nous devons souffler dans les jours qui viennent.
Vers la mobilisation ?
Sans attendre la « semaine d’action du 7 au 11 octobre 2013 à l’occasion de l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de loi Retraite, avec la perspective d’une journée nationale unitaire et interprofessionnelle de grève et de manifestations », prévue par la CGT, nous devons tout faire pour amplifier la mobilisation : dans les structures syndicales, poursuivre le débat sur la nécessité de la grève et de l’affrontement avec le gouvernement ; au niveau des localités, construire, élargir les cadres de mobilisation syndicaux ou plus larges, tisser des liens entre entreprises.
Si nous centrons les discussions sur le rejet du projet de loi, nous devons aussi nous appuyer sur les revendications locales, sur les salaires, les conditions de travail, les licenciements et les suppressions de postes.
Pour nous, la question des retraites illustre clairement la question du partage des richesses, de la lutte contre les politiques d’austérité. Et la nécessité de l’affrontement nécessaire pour faire reculer gouvernement et patronat... qu’il nous reste à faire partager par une majorité de salariéEs.