Publié le Jeudi 31 mars 2016 à 08h38.

Salaires : la guerre des classes

Au 1er janvier dernier, le SMIC avait augmenté de 0,6 %, à peu près 6 centimes de l’heure. Ouf, pas de coup de pouce, s’était réjoui le Medef. Quant aux fonctionnaires, le gouvernement leur propose 0,6 % en juillet 2016 et 0,6 % en février 2017. Augmenter les salaires de ceux qui produisent les richesses serait insupportable...

Par contre, pour ceux qui dirigent, c’est table ouverte : ainsi on vient d’apprendre que le PDG de PSA, Carlos Tavares, a vu son revenu doubler en 2015 (de 2,7 millions d’euros à 5,24 millions). Le conseil de surveillance de PSA a validé cette augmentation. Apparemment 8 000 suppressions de postes valaient bien ça. Certes, Tavares n’a pas encore rattrapé son collègue de Renault, Carlos Ghosn, qui reçoit 7,2 millions d’euros (sans compter son deuxième salaire de patron de Nissan qui l’amène tranquillement à plus de 15 millions de revenus par an) : il est vrai qu’il a un beau palmarès... avec 7 500 postes supprimés en France en quatre ans (plus le gel des salaires, etc.).

Même Laurent Berger, le syndicaliste préféré du Medef et du PS, s’est ému du cas Tavares : « Ce style de salaire fait beaucoup de mal à la cohésion sociale », a-t-il déclaré. Mais, bon, que l’on se rassure, Berger n’est pas vraiment pour que la loi intervienne, il faudrait juste de la « décence »... « Je rêverais d’un comportement individuel qui permette d’y renoncer », a-t-il dit. Il peut aller brûler un cierge.

Du côté du gouvernement, la promesse du candidat Hollande de légiférer sur les rémunérations des patrons du privé a aussi fait pschitt. Le code de bonne conduite concocté par le Medef, qui prévoyait un écart salarial de 1 à 20 dans les entreprises privées, doit caler un meuble quelque part, a très justement fait remarquer une journaliste de France info. De toute façon, il est vain d’attendre une « bonne conduite » des patrons et des actionnaires : comme l’avait déclaré le milliardaire américain Warren Buffet, « il y a une guerre des classes, c’est un fait ».