Publié le Lundi 20 juin 2016 à 11h43.

Toulouse (31) : La lutte, c’est pas du cinéma !

Depuis le mois de février, les salariéEs et précaires de l’exploitation cinématographique de Toulouse et sa région se mobilisent pour de meilleures conditions de travail, une reconnaissance de leur métier mais aussi contre la loi El Khomri.

Avec l’arrivée du numérique, les salles de cinéma et l’ensemble de la filière ont connu de grands bouleversements tant sur le plan technique qu’organisationnel. Dans un premier temps, les laboratoires argentiques, les stocks de films, les transporteurs, ont fermé les uns après les autres, puis, rapidement, ce sont les salariéEs des multiplexes (premiers équipés en numérique) et finalement la moyenne et la petite exploitation qui ont subi des vagues de ­licenciements et de précarisation.

Aujourd’hui les contrats de travail sont de plus en plus précaires (recours récurrent aux CAE, CUI, CDD), et on impose progressivement aux salariéEs une ultra-­polyvalence. Il n’est pas rare de leur faire faire simultanément la caisse, la vente de confiserie, la projection, le travail administratif, le standard, l’accueil des invitéEs, la présentation d’une séance, l’ouverture des salles et le contrôle des billets... Autant de compétences et de souplesse qui ne sont ni prises en compte ni valorisées. Beaucoup se retrouvent isolés et avec de lourdes responsabilités.

Il faut rappeler qu’un cinéma peut être une entreprise SARL, indépendante ou issue d’une grande chaîne, une association ou une régie municipale. Par ces disparités de statuts, aucune convention collective commune, aucun accord de branche n’est appliqué à l’ensemble des salles.

Qualification, conditions de travail et égalité

Pour le mouvement des salariéEs des salles de cinéma, la loi travail à l’étude a été un déclencheur car elle ne fait qu’amplifier ces problématiques.

Comment soutenir les films plus fragiles et les coups de cœur des salles sans interactivité avec le public ? De même, comment mettre en place l’échange et le débat autour des films avec le public après la projection, quand on doit nettoyer la salle et préparer la prochaine séance ? Comment assurer des projections, résoudre les problèmes techniques, et assurer la sécurité des spectateurs ? Comment faire tout cela quand on est seul et mal payé ?

Le collectif demande qu’un diplôme soit exigé, que les grilles des conventions collectives soient recalculées et redéfinies en intégrant l’évolution de leurs métiers, qu’elles soient identiques pour toutes et tous, salariéEs du privé, de l’associatif et de la territoriale. Il demande aussi la prise en compte des horaires de travail décalés et leur revalorisation.

Marine

(collectif des SalariéEs et précaires de l’exploitation cinématographique de Toulouse et sa Région – collectif SPEC-TRE)