Documentaire franco-tunisien-qatari, durée 1 h 16 minutes, sortie le 7 mai 2025.
Ce lundi 12 mai, l’éditorial du journal le Monde titre : « L’effondrement du Soudan, une menace mondiale ». Malgré les plus de 150 000 morts et plus de 13 millions de personnes déplacées par les combats cette tragédie occupe une place bien mineure dans les médias, voire dans les préoccupations militantes1.
Des jeunes qui luttent pour la démocratie
Autant de raisons pour aller voir le film de Hind Meddeb, Soudan, souviens-toi, une immersion au cœur de la tragédie que vivent les SoudanaisEs. Les premières images datent de 2019 lors du mouvement de protestation contre le régime réclamant initialement de meilleures conditions de vie puis, alors que la répression s’accentue, la démission du président Omar el-Bechir.
On n’y voit pas l’horreur, on la comprend. Le film est centré sur la population et surtout les jeunes qui luttent pour la démocratie. C’est l’histoire de la rencontre de la cinéaste avec ces jeunes hommes et femmes, ces « jeunes révolutionnaires pacifistes ». Leur poésie comme arme et leur détermination.
Armée et Forces de soutien rapide
La réalisatrice retourne à plusieurs reprises dans le contexte de la transition, dans laquelle le conseil militaire était censé remettre le pouvoir aux civilEs, interrompue par les affrontements entre l’armée et les FSR (Forces de soutien rapide). La première est soutenue par l’Égypte, le Qatar, la Turquie ; les seconds, par les forces du maréchal Haftar et les Émirats arabes unis. Une bénédiction pour les marchands d’armes pendant que d’autres tentent de préserver leur accès aux richesses minières ou l’accaparement des terres fertiles d’un pays autrefois présenté comme le grenier potentiel de l’Afrique.
C’est la rencontre avec des demandeurEs d’asile au métro Stalingrad2 qui a motivé la réalisatrice pour aller à la rencontre de ce peuple en lutte. Présente à la Maison de la culture de Bourges le 9 mai, elle a, en quelques phrases, expliqué les ressorts des combats de ce peuple depuis les pharaons jusqu’à aujourd’hui. Et elle a donné des nouvelles de ces personnes que nous avons croisées par son intermédiaire, dont de nombreuses ont été contraintes à l’exil.
Robert Pelletier
- 1. Luiza Toscane, « Soudan, le nœud coulant », https://lanticapitaliste…
- 2. Voir le film de Hind Meddeb Paris Stalingrad (2019).