Un inspecteur du travail a été violemment agressé par un employeur le mardi 12 octobre 2021 sur un chantier à Ajaccio. Voulant arrêter le travail d’un salarié exposé sans protection à une chute de hauteur de plus de cinq mètres, comme la loi le permet, il a reçu des menaces puis un violent coup de poing au visage, nécessitant son hospitalisation d’urgence.
Le NPA lui apporte son total soutien et affirme sa solidarité à une profession essentielle à la défense des droits des travailleur·euses malmenée depuis des années par les gouvernements qui se succèdent.
Ses collègues ont immédiatement débrayé et la direction locale de l’inspection du travail s’est engagée à lui assurer la protection fonctionnelle, qui permettra la prise en charge des frais de justice par le ministère du travail. La ministre du travail, elle, a attendu plus de vingt-quatre heures pour réagir par un tweet laconique évoquant un « travail essentiel auprès des entreprises et des salarié·es » placé·es sur un pied d’égalité. Navrante ironie de l’histoire, c’est en effet le préfet de Corse-du-Sud qui a le premier communiqué à la presse sur l’affaire… alors qu’il n’a aucun pouvoir hiérarchique sur l’inspection du travail.
Rien d’étonnant à cela, puisque depuis des années les ministres et directeurs généraux du travail successif·ves restent bien discret·es rechignent à condamner publiquement, se contentant le plus souvent d’appeler les victimes ou d’intervenir dans les procès des agresseur·es… quand ils ont lieu. Deux poids deux mesures : la promptitude gouvernementale est au rendez-vous pour condamner les agressions de policier·es, mais rarement quand il s’agit d’autres fonctionnaires. Pour le justifier, il avait été répondu aux syndicats il y a quelques mois qu’une telle communication pourrait avoir des effets contre-productifs et donner des idées aux patron·nes.
Pourtant c’est bien la politique menée par le gouvernement qui favorise ces agressions. La figure de l’employeur·euse est vénérée par Macron et compagnie et valorisée dans l’espace public. Les droits des salarié·es sont sans cesse rognés par les réformes incessantes du code du travail. La légitimité des agent·es de l’inspection du travail est publiquement remise en cause – qu’on se souvienne de Pénicaud expliquant à la radio en novembre 2019 que les courriers d’observations n’engageaient que leurs auteur·rices. Le sous-effectif chronique, le manque de moyens matériels, asphyxient l’inspection du travail et rendent de plus en plus difficile l’exercice des missions de contrôle au quotidien. Des missions qui pourtant se justifient pleinement : rappelons que la chute de hauteur est la deuxième cause de mortalité au travail (après la circulation) et la troisième cause d’incapacité permanente et d’arrêts de travail.