Publié le Vendredi 29 mars 2024 à 18h00.

MortEs au travail : l’hécatombe continue

En septembre 2023, le gouvernement engageait une campagne intitulée « Stop aux accidents du travail graves et mortels », rappelant que deux personnes décèdent chaque jour au travail – sans compter le secteur public – tandis qu’une centaine d’autres sont blesséEs gravement, et jugeant ces chiffres « inacceptables »1

La mobilisation des familles de victimes, conjuguée au travail de longue haleine de quelques lanceurs d’alerte et syndicalistes, a contribué à faire de la mort au travail un sujet politique plutôt qu’un fait divers. Macron et Cie se sont donc emparés du sujet, avec leurs méthodes habituelles : une campagne de com’ mettant sur le même plan les employeurEs et les salariéEs, somméEs d’être vigilantEs et de respecter les procédures. Comme si les travailleurEs décidaient de leur plein gré d’utiliser des machines non conformes, de travailler à plusieurs mètres de hauteur sans protection, ou de ne pas recevoir de formation avant d’être affectés à des tâches dangereuses ! Le terme même « d’accident » du travail est indécent, quand on sait que les tribunaux reconnaissent, dans plusieurs milliers de dossiers chaque année, la faute inexcusable de l’employeur. 

Le gouvernement culpabilise les travailleurEs

Hormis ce bla-bla culpabilisant pour les travailleurEs, le ­gouvernement n’a pris aucune mesure pour faire diminuer le nombre de mortEs au travail. Pire, il poursuit son travail de sape méthodique des institutions suceptibles de prévenir les risques professionnels. À l’inspection du travail, 10 % des postes ont été supprimés entre 2017 et 2023. Et sur les 2 000 restants, 400 sont vacants, faute de recrutements suffisants. Après avoir supprimé les CHSCT et réduit le nombre de représentantEs du personnel, Macron envisage un nouveau tour de vis au nom de la « simplification administrative ». Les travailleurEs n’auraient plus de déléguéE dans les entreprises de moins de 50 salariéEs, et les prérogatives des CSE seraient considérablement réduites en dessous de 250 salariéEs (par exemple, fin de la possibilité de faire réaliser une expertise en cas de risque grave pour la santé et la sécurité). Et avec un cynisme sans borne, il a tenté l’automne dernier de faire les poches aux victimes en réduisant leur indemnisation via la loi de finance de la Sécurité sociale, avant de rétropédaler. 

Forte augmentation en 2024

Sans surprise, l’hécatombe continue, voire s’amplifie. Les accidents du travail mortels recensés par l’inspection du travail sont en très forte augmentation depuis le début 2024 : 80 en janvier-février, contre 54 au cours de la même période l’année dernière et 47 en 2022. Les causes de ce massacre sont largement documentées, notamment la sous-traitance en cascade ou le recours aux contrats précaires (les intérimaires et les apprentiEs sont deux fois plus touchéEs que la moyenne des travailleurEs). Il serait aisé de prendre des mesures efficaces... si l’on acceptait de remettre en cause les modèles économiques qui font les profits des Bouygues, Vinci, Eiffage, etc. Leur politique nous tue, sciemment. Pour notre camp, il est vital d’en changer.

Correspondant