En 2010, le revenu moyen des agriculteurs aurait augmenté de 85 % selon l’Insee et de 66 % selon le service statistique du ministère de l’Agriculture (SSP). Cela s’explique principalement par la baisse du prix des engrais, la réduction du volume de produits phytosanitaires et la flambée du prix des céréales. On soulignera au passage que le gouvernement a choisi exceptionnellement de ne communiquer que le chiffre du SSP et de taire celui de l’Insee.
La direction de l’Insee, censée pourtant être indépendante, a accepté de ne pas faire de publicité de ses chiffres, méprisant ainsi le travail de ses agents. L’opération consiste à faire croire qu’il n’y aurait qu’un seul chiffre incontestable, alors que les estimations divergent fortement selon la méthode utilisée. Et il ne faut pas compter sur les médias capitalistes pour décrypter cette petite cuisine. Même si ces chiffres sont spectaculaires, ils ne compensent pas la chute des deux dernières années : le revenu moyen reste légèrement inférieur à celui de 2007 et proche de celui des années 1990. Surtout, ces chiffres cachent de grosses inégalités, en évolution et surtout en niveau. La statistique publique ne fournit pas, malheureusement, les revenus selon la taille des exploitations. Mais on peut avoir un aperçu indirect de ces inégalités en regardant les revenus par secteur d’activité. Ainsi, le revenu moyen d’un exploitant en grandes cultures est de près de 3 000 euros par mois alors que celui d’un éleveur de bovin viande n’est que de 1 000 euros. Tout ceci montre que les agriculteurs ne forment pas une classe sociale. Il y a, d’un côté, des chefs d’entreprise (qui se considèrent comme tels et qui pleurnichent sur leurs faibles revenus… comparés à ceux des patrons !) qui exploitent des salariés agricoles et perçoivent l’essentiel des aides européennes (20 % des agriculteurs touchent 80 % des aides), et, d’un autre côté, des paysans travailleurs qui gagnent autour et souvent moins que le Smic. Les intérêts des premiers sont défendus par la FNSEA, dont le nouveau président est Xavier Beulin, un céréalier de la Beauce, qui cumule les responsabilités dans les conseils d’administration et préside Sofiproteol, un géant de l’agro-industrie. Il prône d’ailleurs un rapprochement avec le patronat de l’agro-industrie et la grande distribution et veut axer son mandat sur la baisse du poids de la fiscalité sur les entrepreneurs. Nous défendons quant à nous les intérêts des paysans appauvris par le pillage des grands groupes capitalistes. Il faut imposer la redistribution radicale des aides pour permettre à chacun d’avoir un revenu minimum garanti de 1 500 euros net par mois, développer l’auto-organisation pour contrôler les prix agricoles, et ouvrir la perspective d’un gouvernement des travailleurs qui exproprierait les gros exploitants capitalistes et réorganiserait l’agriculture en fonction des besoins humains et de la nécessité de préserver notre environnement. Zapo