Des mobilisations contre l’abattage systématique sont légitimes. D’autres solutions existent face à cette épidémie bovine. Cette crise doit aussi être l’occasion de réfléchir à un autre modèle d’agriculture et à la place des animaux dans notre société.
Depuis l’apparition de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) en Savoie fin juin 2025, 110 foyers ont été détectés en France, touchant 75 élevages dans neuf départements. Cette maladie virale est sans danger pour la santé humaine. La stratégie sanitaire du gouvernement a été dictée par la directive européenne 92/119/CEE de 1992, qui impose l’abattage systématique du troupeau dès la confirmation d’un cas : plus de 3 000 animaux ont ainsi été tués « préventivement », auxquels s’ajoutent dernièrement 200 vaches en Ariège.
Soutien aux mobilisations de la Confédération paysanne
Le NPA-l’Anticapitaliste exprime son soutien aux mobilisations menées par la Confédération paysanne pour protester contre la méthode du gouvernement. Ces mobilisations sont légitimes. L’apparition de cas loin des zones réglementées est la preuve de l’inefficacité de la politique sanitaire basée sur l’abattage total et une vaccination restreinte. Les éleveurEs proposent des alternatives que le gouvernement refuse d’entendre.
Nous condamnons la répression violente dont ont été victimes les agriculteurEs mobiliséEs. L’intervention des gendarmes en tenue anti-émeutes, appuyés par des véhicules blindés Centaure et usant de grenades lacrymogènes, est illégitime. Ces méthodes autoritaires révèlent aussi bien la répression de toute contestation légitime que le mépris du gouvernement pour le monde agricole.
Une vision purement marchande
En soutenant la stratégie d’abattage systématique, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs se placent sur un terrain purement économique. Arnaud Rousseau affirme que « si la maladie n’est plus sous contrôle, nous serons mis sous cloche par l’Europe », révélant l’obsession de préserver les exportations d’animaux vivants, principalement vers l’Italie et l’Espagne, quitte à sacrifier des troupeaux entiers. Cette vision purement marchande ignore les alternatives scientifiques disponibles et les réalités du terrain.
Le NPA-l’Anticapitaliste exige le retrait immédiat de la stratégie d’abattage systématique imposée par le ministère de l’Agriculture. Cette politique est inefficace (de nouveaux foyers continuent d’apparaître malgré les 3 000 animaux déjà abattus) et illustre l’impasse d’une stratégie purement répressive. La ministre Annie Genevard doit cesser de justifier cette politique par une peur fantasmée et accepter le dialogue avec l’ensemble des organisations agricoles.
Il y a des alternatives
Des solutions existent pourtant et sont appliquées avec succès dans d’autres pays. Dans l’urgence de la situation, nous réclamons la vaccination généralisée et gratuite de tous les animaux dans les zones concernées et au-delà ; l’arrêt des abattages systématiques et leur remplacement par des mesures de soins et d’isolement des animaux malades dans des sanctuaires ; un soutien vétérinaire pour accompagner les éleveurEs dans la gestion sanitaire des animaux ; des indemnisations intégrales compensant les pertes économiques en cas d’abattage des animaux. D’autres pays ont montré qu’une politique de vaccination peut contenir la maladie sans destruction massive des troupeaux. Le gouvernement doit s’en inspirer.
Au-delà de cette crise, le NPA-l’Anticapitaliste souhaite aussi engager un débat sur la place des animaux dans notre société, et en l’occurrence les animaux d’élevage. Ces dernièrEs sont en effet les grandEs absentEs de la crise de la DNC. Iels n’y existent qu’en tant qu’objet de propriété et capital productif. C’est à ce titre qu’iels sont aujourd’hui défenduEs par les exploitantEs agricoles et pas en tant qu’individus ayant le droit de vivre leur vie. DNC ou pas, leur destin consistera en une mort prématurée, qu’elle soit programmée dès que leur masse musculaire atteindra le seuil de rentabilité ou subie en cas de maladie.
Commission cause animale