Publié le Mercredi 4 novembre 2015 à 19h10.

Airbnb : La guerre des mondes

Airbnb, startup née à San Francisco, valorisée à 25 milliards de dollars, plateforme de proposition et de réservation de logements, est présente dans 34 000 villes avec 1,5 million d’annonces disponibles.

Uber, startup née à San Francisco, plateforme de proposition de véhicules de tourisme avec chauffeur VTC, valorisée à 50 milliards de dollars, est présente dans 310 villes.

Ce sont deux symboles d’une économie qui devient dominante, invasive par son utilisation des moyens de communication les plus « modernes ». Il s’agit d’une généralisation de la sphère marchande, sous l’alibi « communautaire » : tout le monde devient loueur, et jusqu’à ce que les taxis parisiens bloquent la ville au printemps, tout le monde pouvait devenir chauffeur.

Au moment même où le métro parisien est tapissé d’affiches expliquant comment la location ponctuelle de « votre » appartement va financer « vos » projets, où dans le monde entier la guerre des taxis est ouverte, les habitants de San Francisco viennent d’avoir un sursaut de conscience, qui n’a pas abouti mais qui conduit à s’interroger encore.

Une coalition d’activistes de gauche, de syndicats et d’association a obtenu que le 3 novembre les habitants de San Francisco se proposent pour une limitation des locations d’appartements à 75 nuits par an. Le but était de sauver la vie de quartier, la ville devenant un vaste territoire touristique anonyme.

Le referendum a été un échec, le « non » l’a emporté à 55%. Cela dit, si le oui l’avait emporté, la surveillance entre voisins et la délation auraient eu le champ libre… Dans tous les cas c’est fini la belle vie en Californie.

En ce qui concerne les taxis, d’autres problèmes se posent : problèmes de sécurité si chacun devient taxi d’un jour, problème de concurrence déloyale en France où les taxis payent cher leur licence, problèmes d’envahissement de l’espace public, la ville se transformant en une station de taxi ou de VTC/UBER, géante, où l’on se bat pour être « géolocalisé ». Avec la crise économique, le capitalisme et les profits tentent de combler les quelques trous qui échappaient à la sphère marchande, chaque minute de temps, chaque espace est traqué pour être vendu et rentabilisé.

D’ailleurs, l’UNSA vient d’annoncer la création d’un syndicat VTC, les chauffeurs se considérant désormais comme des salariés. Un autre signe de résistance ?

Catherine Segala