Bien qu’autorisée par la préfecture, la manifestation contre le congrès du FN à Lyon le 29 novembre dernier n’a pas pu tenir, face à la répression policière et a explosé dès la première partie de son parcours. Était-ce pourtant un échec ? Quelles perspectives ? Samedi 13 décembre, ces questions étaient au cœur de la réunion de la Conex (Coordination nationale contre l’extrême droite).
La réunion a rassemblé essentiellement le cœur de la Conex : Visa (Vigilance initiatives syndicales antifascistes), Solidaires et Sud-éducation, et des collectifs locaux ou régionaux : Reims, Strasbourg, Angoulême, Lyon, Paris-banlieue, Banlieue est, Paris 18e...Élément incontournable, le débat a bien sûr porté sur l’importance des « violences », mises en avant par la presse et utilisées par la police pour justifier la répression. Certains concluaient à la nécessité de se démarquer clairement d’un courant violent, mais pour la majorité des présentEs, ce qu’il faut mettre en avant, c’est la volonté des autorités et de la police de casser toute possibilité d’émergence d’un mouvement à Lyon : déploiement policier délirant, cars venus de Paris fouillés en amont, fouilles des manifestantEs, et attaque de tous les cortèges...
Construire un rapport de forces large et unitaireC’est dans ce climat que de nombreux doutes sont apparus sur le rôle joué par des provocateurs de la police et des groupes fascistes dans le développement de ces violences. Et la réponse ne peut être de remettre en cause la nécessité des mobilisations de rue. Il est évident qu’une manifestation plus nombreuse aurait été beaucoup plus difficile à casser par la police.La question n’est donc pas de faire le tri au sein du mouvement, mais de trouver comment construire un mouvement large au sein duquel puisse s’exprimer la diversité des tactiques, dans le respect des unEs et des autres. S’il existe une ligne de fracture au sein de la gauche, elle n’oppose pas d’abord les antifascistes radicaux aux pacifistes, mais celles et ceux qui n’envisagent le combat contre le FN que dans le cadre institutionnel et électoral à celles et ceux qui pensent nécessaire de construire sur tous les terrains un rapport de forces large et unitaire contre le FN et ses satellites : dans les quartiers et lieux de travail, dans la rue... et dans les têtes ! Car, au-delà des positions des différentes forces, la question est bien de regagner le terrain perdu dans l’opinion devant la dédiabolisation du FN et de ses idées.
Des points d’appuis pour la suiteDe ce point de vue, des éléments positifs ont été mis en avant dans le débat, notamment par Visa. Même si, au final, la mobilisation aura surtout été régionale, elle a permis de rassembler plusieurs milliers de manifestantEs bien au-delà de Lyon : des cars et des délégations venus de Montpellier, Marseille, Paris, Grenoble, Chambéry, Reims, Rouen, Strasbourg, Angoulême, et même de Grèce, d’Angleterre et de Catalogne !Au moins 200 personnes ont participé aux débats du dimanche 30 novembre à Lyon pour donner du fond et des perspectives à la lutte contre l’extrême droite. De nouvelles structures militantes et un appel d’intellectuels initié par les éditions Syllepse ont vu le jour. Autant de points d’appui pour la suite.Un appel initié par la Conex est lancé pour une réunion le 24 janvier prochain visant à rassembler tous les acteurs de la mobilisation pour Lyon – syndicats, associations, partis et collectifs. Il s’agit de définir des perspectives concrètes de mobilisations, avec en ligne de mire le mois de mars (élections et journée internationale antiraciste et antifasciste du 21 mars) et le 1er mai.
Denis Godard