À un moment où les populations se demandent s’il y aura assez de vaccins disponibles tandis que les personnels hospitaliers sont épuisés et doivent gérer des capacités d’accueil des malades qui risquent d’être débordées, il y a des dépenses qui crèvent les plafonds. L’édition 2021 du rapport annuel « Military Balance », publié par l’institut britannique IISS, évalue, sur la base des données de 171 États, à 1 830 milliards de dollars (1 520 milliards d’euros) les dépenses militaires mondiales en 2020, soit une progression annuelle de 3,9 %, en termes réels, après une hausse de 4 % en 2019 considérée comme la plus forte de toute la décennie.
Certes en Europe, les dépenses militaires ne sont en hausse « que » de 2 % (après 4,1 % en 2019). Mais à l’inverse des années qui ont suivi la crise financière de 2007-2008, la plupart des pays européens ont maintenu voire augmenté leurs budgets militaires malgré la récession économique. Les dépenses de défense des membres européens de l’Otan sont désormais de 20 % supérieures à celles de 2014.
C’est la compétition entre les États-Unis et la Chine qui a clairement tiré les dépenses militaires mondiales à la hausse : les deux États pèsent pour les deux tiers de la hausse de ces dépenses en 2020. Le budget de la défense US a bondi de 6,3 % : il représente 40,3 % des dépenses mondiales. Le budget de la Chine a progressé de 5,2 % et atteint 10,6 % du total mondial.
La prédominance étatsunienne reste nette mais la Chine progresse à marche forcée, notamment pour ce qui est de sa marine, essentielle pour soutenir ses prétentions territoriales en mer de Chine méridionale. Selon l’ISS, la Chine commence à avoir les moyens logistiques de soutenir une opération militaire bien au-delà de son voisinage immédiat.
Ce qui incite l’Australie, le Japon, l’Inde mais aussi l’Indonésie et la Malaisie à investir dans la modernisation de leurs capacités militaires.
La France, qui ne produit pas de vaccins anti-covid, fabrique des armes et les vend, ce dont se vante la ministre de la Défense Florence Parly à propos de la vente d’avions Rafale à la Grèce : « La France est heureuse de pouvoir exporter le Rafale pour la première fois en Europe, une étape très importante dans l’histoire de cet avion, qui confirme son attractivité ». La production et la vente d’armements restent une des activités majeures des économies capitalistes en crise tandis que les dépenses militaires dessinent une carte du monde marquée par des affrontements guerriers en cours ou possiblement à venir.