Publié le Mercredi 20 septembre 2017 à 11h31.

Face à Macron, : Riposter, faire converger, unifier

Avec les grèves du 12 et du 21 septembre, avec le début de la mobilisation des routiers, l’épreuve de force entre le gouvernement et le monde du travail a démarré. Reste maintenant à savoir comment la gagner !

À l’heure où nous écrivons ces lignes, on ne connait pas encore l’ampleur de la grève du 21 septembre. On peut néanmoins craindre que la grève soit moins réussie que le 12 septembre, en raison d’une forme de « concurrence » avec la manifestation de La France insoumise le 23 septembre et de la grève dans la fonction publique du 10 octobre. En effet, certainEs salariéEs auront peut-être préféré soit manifester un samedi pour éviter de dépenser un jour de grève soit, pour ce qui concerne les travailleurEs de la fonction publique, attendre leur journée spécifique. Ces deux dates soulignent à quel point la division d’un mouvement peut avoir des effets négatifs sur sa construction, et la nécessité d’un plan d’action unitaire pour construire un mouvement de grève massif contre le gouvernement.

Notre classe se met en mouvement

Mais l’heure n’est pas à se lamenter de la politique des directions syndicales ou de Mélenchon. Si leur objectif était de construire la grève générale, on en aurait entendu parler… Notre préoccupation consiste à voir les points d’appui pour construire la mobilisation et de tout faire pour les renforcer.

La principale nouvelle de la semaine, c’est l’annonce d’une grève reconductible des routiers appelée par la CGT et FO à partir du 25 septembre, tandis que la CFDT Route a démarré le mouvement ce lundi 18. Dans cette branche qui compte 670 000 salariéEs, les conséquences des ordonnances seront particulièrement rapides et désastreuses. Le secrétaire du syndicat CFDT le précisait dans le Parisien le 17 septembre : « Concernant les règles du dialogue social dans les TPE-PME, qui représentent 80 % de entreprises du transport, on n’accepte pas que demain des accords soient décidés par référendum ou signés par un simple salarié non mandaté par un syndicat. (…) Enfin, nous demandons le retrait de la mesure permettant des ruptures conventionnelles collectives, qui va permettre de contourner l’encadrement des plans de sauvegarde de l’emploi. »

Ce secteur peut rapidement changer le climat social en bloquant les dépôts de carburant… mais pourrait aussi être tenté, surtout si la mobilisation interprofessionnelle n’est pas assez massive, et comme le sous-entend la CFDT, de négocier une victoire pour sa seule branche.

La seconde bonne nouvelle est l’entrée en mouvement d’une frange de la jeunesse. À Rouen, une assemblée générale a rassemblé 800 personnes environ, et près de 2 000 personnes ont manifesté devant la présidence de l’université face à la pénurie de moyens.

Enfin, on a pu constater le 12 septembre que si la grève n’a été forte que dans quelques secteurs (la SNCF, avec 20 % de grévistes, notamment), la manifestation a permis à des salariéEs de petites entreprises de se mobiliser, parfois pour la première fois. De plus, si cette manifestation a été l’occasion pour des secteurs très importants de FO de montrer que, contrairement à leur direction, ils se mobiliseraient, cette semaine c’est la fédération de la métallurgie CFDT qui a montré son opposition à l’orientation de sa direction confédérale.

Se battre pour gagner

En ayant ces données à l’esprit, on peut se prononcer sur les conditions à réunir pour non seulement lutter, mais aussi tenter de gagner. Nous serons de toutes les mobilisations qui participent à la construction du rapport de forces, mais nous réaffirmons que nous avons besoin d’un mouvement de grève de masse, avec des secteurs entiers en reconductible, pour faire céder un gouvernement et une présidence qui sont bien décidés à mener leur contre-révolution libérale. À partir du 25 septembre, début de la grève des routiers, chaque secteur sera face à la question de pouvoir ou non rejoindre la grève pour bloquer le pays et de comment soutenir au mieux les franges qui le pourront.

Une telle mobilisation aura besoin de l’unité la plus large pour se réaliser : Danielle Simonnet, de La France insoumise, raillait à la fête de l’Humanité « la farandole de logos » mais, pour la plupart des travailleurEs, plus il y a de logos sur un appel à manifester, plus ils et elles se sentent la force de rejoindre le mouvement. Au niveau national comme dans les villes, nous travaillons donc à des réunions et à des actions unitaires pour construire une opposition large, unifiée et déterminée, à ce gouvernement.

Enfin, si nous nous opposons à « la loi travail et son monde », ce n’est pas parce que nous sommes satisfaits de la société actuelle, ou du Code du travail tel qu’il existe aujourd’hui. Au contraire, la mobilisation doit être aussi, pour nous, l’occasion de revendiquer le remplacement des emplois précaires par des emplois stables, des augmentations de salaires et l’interdiction des licenciements. Et d’affirmer que ce n’est pas un pseudo-Jupiter qui doit gouverner, mais celles et ceux qui produisent les richesses et qui sont les mieux à même de décider ce qui est bon, ou non, pour la société.

Antoine Larrache