Publié le Jeudi 18 novembre 2021 à 19h00.

Grève de sans-papiers au Monoprix Belleville : victoire !

Le 25 octobre, 13 livreurs sans papiers travaillant pour Monoprix commençaient une grève pour obtenir leur régularisation et démarré un piquet devant le Monoprix Belleville (Paris 19e), se joignant à un mouvement de grève initié par la CGT en région parisienne dans 10 entreprises (restauration, intérim, livraison, etc.).

Dans la restauration, l’hôtellerie, le BTP, le nettoyage, la logistique, la sécurité, le traitement des déchets… de nombreux soutiers de la croissance et premiers de cordée, souvent en première ligne pendant l’épidémie de covid, sont… des sans-papiers.

Une double victoire

Le premier mérite de la grève a été de rappeler cette réalité économique. Et le second son efficacité : en 10 jours, neuf piquets ont obtenu gain de cause et les salariéEs sans papiers ont obtenu leurs CERFA, les fameux contrats pour travailleurEs étrangers indispensables à leur régularisation. Au Monoprix de Belleville, la situation était compliquée : les livreurs qui pédalent pour Monoprix travaillent pour une filiale de Stuart à qui Geopost a confié l’exécution de son contrat de livraison avec Monoprix...

Une cascade de sous-traitants et, en bout de course, des livreurs avec le statut d’auto-entrepreneur qui gagnent au mieux 9 euros de l’heure pour livrer en vélo (et porter les courses au destinataire final quand il n’y a pas d’ascenseur...). Et en cas d’accident ou de maladie, Monoprix et Stuart s’en lavent les mains : ce sont des auto-entrepreneurs, à eux de s’assurer...

Le Collectif unitaire du 19e a participé au soutien aux grévistes et aux rassemblements (très bien sonorisés) devant le Monoprix Belleville. Il a organisé des distributions de tracts devant d’autres Monoprix du 19e. Le 2 novembre, après une semaine de blocage, Monoprix, Geopost (filiale de la poste...) et Stuart ont cédé : les livreurs sans-papiers ont obtenu gain de cause. Ils vont tous obtenir des CERFA… et pour cela vont passer du statut d’auto-entrepreneur à celui de salarié d’une filiale de Stuart ! Une double victoire dans leur cas...

Mais cette grève et les victoires remportées ont d’autres significations et démontent les discours, idées et fantasmes de l’extrême droite en France, complaisamment relayés par des médias mainstream. Les sans-papiers travaillent ici et apportent une contribution essentielle à l’économie dans de nombreux secteurs. Quand leurs droits avancent, l’extrême droite et ses idées reculent !