Publié le Lundi 12 septembre 2011 à 12h01.

Là-bas, il y était...

Daniel Mermet, qui présente sur France Inter l’émission Là-bas si j’y suis, a participé à l’Université d’été. Il animait un débat sur le journalisme militant. « Oui, il existe des journalistes militants. Bernard Guetta, par exemple, est un journaliste militant, chaque matin sur France Inter. »

En effet, et on pourrait en citer d'autres, comme Éric Zemmour ou Jean-Marc Sylvestre. Mais plus sérieusement, pour Mermet, on ne peut parler de journalisme militant, mais plutôt de journalistes engagés, dont il fait assurément partie, tout comme François Ruffin qui a lancé Fakir. Car contrairement à ce qu'on apprend dans les écoles de journalisme, l'objectivité n'existe pas. « Pour citer Godard, on peut dire que l'objectivité à la télévision, c'est cinq minutes pour les juifs et cinq minutes pour Hitler ». Ce qui n'empêche pas qu'il est nécessaire de débusquer l'idéologie. Ainsi, les mots sont importants et lorsque les journalistes parlent du « conflit israélo-palestinien », cela a un sens, cela signifie en creux qui nous sommes en face de deux camps qui auraient le même poids, la même force de frappe et la même responsabilité dans la guerre.

Mais le constat est quand même le discrédit qui pèse sur les journalistes avec un taux de confiance dans la presse qui est très faible. La question récurrente est alors pourquoi les journaux relatent-ils tous les mêmes informations ? Donnent-ils toujours la parole aux mêmes chroniqueurs ? Et toujours plus aux représentants de la bourgeoisie qu'à ceux des travailleurs ?

L'énorme concentration qui existe dans les médias français n'y est évidemment pas pour rien. Tout comme le poids des annonceurs capables de couper les vivres aux titres qui seraient trop critiques. Mais il faut aussi noter l'autocensure que s'imposent les journalistes eux-mêmes. Parfois parce qu'ils sont dans une situation précaire, parfois parce qu'ils savent que leur article ne passera pas s'il n'est pas dans la « ligne ». Sans oublier que les directeurs de journaux, les rédacteurs en chef ont souvent une idée précise de ce qui intéresserait les lecteurs... Et c'est bien ce que l'on voit s'afficher année après année à la une des hebdos : l'immobilier, les francs maçons et les inévitables régimes au printemps ou le sexe en été. Mais Mermet l'a également rappelé, ces gens-là se trompent souvent. Et alors que l'ensemble des éditorialistes pensaient que le Traité constitutionnel européen serait plébiscité, une forte majorité de la population s'est exprimée contre.

De la même manière, ils ne peuvent comprendre pourquoi une émission comme Là-bas si j'y suis fonctionne. Et pourtant, il a notamment reçu à plusieurs reprises Daniel Bensaïd  venu y exposer l'actualité du marxisme. Lorsque l'émission a été menacée, une pétition a été lancée et a recueilli des milliers de signatures. Résultat, un changement d'horaire avec une programmation à 15 heures qui devait aboutir logiquement à sa disparition. Ce n'est pas ce qui est arrivé et l'émission se porte toujours bien. Au grand plaisir des quelque 200 personnes qui ont assisté au débat et étaient pour la plupart des auditeurs attentifs.

Dominique Angelini