La crise sanitaire et économique confirme et amplifie toutes les tendances à l’œuvre dans le capitalisme de ce début de siècle et, notamment, la polarisation des revenus et des richesses. De nombreux rapports le montrent. Le plus récent est celui publié le 25 janvier par l’ONG Oxfam.
Au niveau mondial, les super-riches s’en tirent à merveille. Certes, au cours des premiers mois de la pandémie, l’effondrement des marchés boursiers a vu les milliardaires, qui comptent parmi les plus gros actionnaires, accuser des pertes importantes. Ce revers a toutefois été de courte durée. En seulement neuf mois, les 1 000 milliardaires les plus fortunés ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant-crise. En effet, grâce aux milliards déversés par les États et les banques centrales vers les entreprises et les banques, les marchés boursiers ont prospéré alors même que l’économie réelle est confrontée à la pire récession depuis un siècle.
Parallèlement, des centaines de millions de personnes ont perdu leur emploi et vu chuter leurs revenus. Ce qui, pour une partie d’entre elles et eux, signifie la misère et la faim. Les estimations récentes, encore provisoires, évaluent le nombre de personnes tombées en 2020 sous le seuil officiel de pauvreté, soit 5,50 dollars par jour, entre 200 et 500 millions.
La France ne détonne pas dans ce panorama. Les 43 milliardaires français ont retrouvé leur niveau de richesse pré-pandémie en à peine 9 mois. Par contre, on comptait à l’automne 8 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire en France contre 5,5 millions avant la crise tandis que le nombre d’allocataires du RSA a explosé.
Ces chiffres publics et non contestables n’ébranlent pas la plupart des gouvernements et, en particulier, le gouvernement français. Non seulement les gouvernements capitalistes cherchent à revenir au « monde d’avant » mais ils profitent de la crise et des difficultés des mobilisations pour marquer des points supplémentaires contre le monde du travail.
Face à cette situation, Oxfam, avec d’autres, propose des réformes. Certaines seraient sans doute bienvenues mais l’essentiel est que, derrière richesses et inégalités, il y a surtout le pouvoir. Les capitalistes ont le pouvoir d’organiser le travail et de nous en priver. Ils ont le pouvoir de diriger les investissements vers les seuls secteurs rentables. Ils ont le pouvoir de se faire entendre des gouvernants. Tout est « noyé dans les eaux glacées du calcul égoïste » comme l’a écrit Marx dans le Manifeste communiste. Peu importe le prix à payer pour la majorité. Pour mettre fin à la marche à l’abime, il faudra bien plus que des réformes.