Publié le Vendredi 30 mai 2014 à 23h31.

Loi famille : sur la fessée comme sur le reste, un gouvernement dur avec les faibles

« Les titulaires de l'autorité parentale ne peuvent user de châtiments corporels ou de violences physiques à l'égard de l'enfant ». Lundi 19 mai, cet amendement a été sorti de la loi famille, loi qui a finalement été dans son ensemble reportée « sine die »...

Une fois encore les réactionnaires de « La manif pour tous » peuvent pavoiser. Une mention spéciale au rédacteur de l'amendement, le député EELV Lambert, qui a accepté de se faire le complice de cette reculade, assortie de la vague promesse d’une intégration dans une loi de protection de l’enfance à venir. Un petit service de plus, après son vote favorable au « pacte de stabilité ».Pourtant, même si l’opinion est défavorable, il faudra bien y passer, après 23 des 27 pays de l’Union européenne. La France est même menacée de sanction par le Conseil de l’Europe ! Une situation qui devrait embarrasser les partisans de l’Europe du capital et des banques, si prompts à invoquer les nécessités de l’intégration…

Aucune valeur éducative

D’autre part, tous les  rapports et recommandations d’experts convergent pour établir les conséquences néfastes de la violence éducative. Mais pourtant, la ministre Rossignol a pu déclarer sans ciller que« la loi prévoit déjà que les parents doivent respecter l'intégrité corporelle des enfants ». C’est dire s’il faut y aller fort ! Autrement dit, la loi interdit de frapper un adulte, un animal, mais pas un enfant. Et pourtant, claques et fessées, si elles peuvent être une réaction compréhensible de parents qui n’arrivent plus à supporter la vie que cette société leur fait, n’ont aucune valeur éducative : elles détruisent la confiance en soi de l’enfant qui intégrera qu’on peut aimer et faire du mal. Il aura tendance plus tard à reproduire le comportement de ses modèles, les adultes, et à reproduire le même comportement sur ses propres enfants. Cela peut paraître plus difficile, mais pour jouer son rôle de parent, le recours à la violence est un raccourci trompeur : il y a d’autres moyens de dire non.  Comme pour les violences faites aux femmes, l’interdiction serait une aide à ne pas franchir la limite.

Pierre Vandevoorde