Publié le Lundi 21 décembre 2020 à 17h37.

Macron le socialiste trop à gauche pour la team 17

Les dernières semaines ont été marquées par les mobilisations contre la loi de sécurité globale devenue le symbole du cours autoritaire du gouvernement Macron. Ces mobilisations ont mis Macron sous pression qui a du reconnaitre pour la première fois l’existence de violences policières et de contrôle au faciès dans une interview à Brut le 4 décembre. Cette interview a provoqué la colère de la troupe et déclenché une mobilisation des policiers.

En effet même si la loi de sécurité globale vise à donner des gages aux syndicats de policiers, dont l’article 24 est une revendication de long terme. Elle n’a pas suffit à reconstruire une confiance entre le sommet de l’Etat et la troupe. Le 29 novembre, le collectif « Hors service » symbole de ces nouveaux cadres d’organisation de policiers largement influencés par l’idéologie d’extrême droite écrivait sur sa page Facebook suivie par 15 000 personnes "L'#article24 les #policiers n'en n'ont strictement rien à foutre ! Les Politicards auront attendu que nous soyons tous masqués pour nous pondre leur nouvelle loi inutile. » « Hors service » présente d’ailleurs la Fédération indépendante de la police (FPIP) une des organisations syndicales policière d’extrême droite comme l’un de ses partenaires.

Ce positionnement bien plus proche de celui de l’état d’esprit de la troupe est entré en contradiction avec les premiers positionnements de syndicats policiers (Unité SGP-FO, Alliance1, syndicat des commissaires de la police national SCPN) contraint de condamner les violences policières dont a été victime le producteur Michel Zecler. En effet, ces organisations syndicales ont l’état de droit pour logiciel2 et cherchent à défendre les intérêts matériels et moraux des policiers dans le cadre de « la démocratie bourgeoise ». Mais ces organisations ont été violemment percutées par la réforme de la fonction publique qui leur a retiré la gestion des carrières et des mutations. Elles sont donc beaucoup plus sous pression du gros des flics.

La mobilisation a donc démarré début décembre avec un mouvement de contrôle aléatoire de véhicules causant de nombreux ralentissements. Le 14 décembre plusieurs dizaines de policiers manifestaient devant l’Arc de triomphe avec brassards, voitures et armes de service. Le 17 décembre à Tours, les policiers manifestaient devant le tribunal pour dénoncer le laxisme de la justice après la condamnation à 18 mois de prison avec sursis d’un de leur collègue ayant giflé un homme lors d’une intervention. Le même jour, ils manifestaient à Rennes devant le domicile de la Mairesse. Des rassemblements ont également eu lieu à Nantes où la compagnie d’intervention et de sécurité déposait son matériel de maintien de l’ordre devant la préfecture.

Alliance s’inscrit dans le mouvement alors que le Unité SGP-FO reste plutôt à l’extérieur. Ces deux syndicat s’opposent sur la méthode Alliance souhaitant « instaurer un rapport de force inédit avec la présidence de la république », annonçant refuser de participer au Beauveau de la sécurité prévu pour janvier, rejoint par l’UNSA police alors que le SGP-FO entend lui y participer. Les mobilisations de ces derniers jours font partie d’un mouvement de fond de radicalisation de la troupe, en opposition avec un pouvoir politique jugé corrompu, décadent et incompétent.

Ce dernier largement impopulaire et manquant de base sociale n’a pas les moyens politiques d’entrer en confrontation avec eux. Dans son courrier d’appel au «Beauvau de la sécurité», Macron le reconnait implicitement lui même en écrivant: « La France tient par ses policiers et ses gendarmes, par ces femmes et ces hommes qui appliquent la loi, fruit de la volonté du peuple. »

Nous tenterons bientôt de revenir sur une analyse de ce mouvement de fond, de son articulation avec l’extrême droite traditionnelle et la menace qu’ils font peser sur nos libertés. Le «Beauvau de la sécurité» qui pourrait déboucher sur des annonces d’augmentation de budget à hauteur de 1,5 milliards d’euros est annoncé comme une refonte en profondeur d’une institution vivant une crise structurelle. Derrière les effets d’annonce, celui-ci devra être analysé de près car dans le contexte actuel une refonte en profondeur de l’institution police ne peut que constituer une nouvelle offensive contre les libertés. L’annonce vendredi 18 mars de la mise en place d’un observatoire de la réponse pénale est un premier signe. Pour Alliance il s’agit n’y plus ni moins de forcer la justice à rendre des comptes à la police…

  • 1. Ces deux syndicats et leur satellite représente 60% des suffrages lors des élections de 2018
  • 2. Yves Lefebvre, secrétaire général de Unité SGP-FO, est adhérent à LREM, Alliance et Synergie Officier sont rattachés à la CFE-CGC et ont appelé à voter contre Marine Le Pen lors des dernières présidentielles, la gazette du commissaire revue du SCPN est une revue d’élaboration doctrinale du maintien de l’ordre…