Publié le Jeudi 1 octobre 2015 à 07h51.

Michel Onfray : ce réac persécuté

Michel Onfray est partout. En un an, le philosophe pour médias a écumé les plateaux...

Partout... À la télévision et sur les antennes des radios, une trentaine d’apparitions, du « Grand journal » de Canal + à « On n’est pas couché » sur France 2 en passant par la matinale de France Inter ou « le Club de la presse » sur Europe 1, concurrençant très sérieusement BHL sur son propre terrain. Et qu’y a-t-il répété en boucle ? Cette petite musique très à la mode chez les intellectuels et les journalistes réactionnaires : « On ne peut plus rien dire ».

Croisade contre la « bien-pensance »

À l’instar d’Éric Zemmour, de Valeurs actuelles, des éditorialistes du Figaro ou d’Alain Finkielkraut, Michel Onfray a repris à son compte la posture du dissident en butte aux critiques, voire à la censure, de ce qu’il nomme, comme ses nouveaux compagnons, la « bien-pensance », ou le « politiquement correct ». Ainsi, dans le monde de Michel Onfray, on ne pourrait plus émettre aucune critique au sujet, pêle-mêle, de l’islam (conquérant), des études de genre (délirantes), de l’empathie pour les migrants (émotionnelle), etc.

On se demande dans quel monde vit Michel Onfray. La France de 2015 serait en effet, à l’entendre, le pays de l’ouverture vis-à-vis des musulmans, de la générosité à l’égard des migrants et de l’égalité femmes/hommes et homos/hétéros… Ah bon ? Et tous ceux qui refuseraient ce consensus égalitariste béat seraient pourfendus et maltraités dans les médias. Ah bon (bis) ? Pire encore, ce « totalitarisme intellectuel » (rien que ça) ferait le jeu du Front national car il traduirait un « mépris du peuple français » par ses « élites bien-pensantes »

À la recherche du « vrai peuple »

C’est ce qu’a expliqué Michel Onfray dans une interview accordée il y a trois semaines au Figaro, le journal du dissident Serge Dassault : « Ce peuple, notre peuple, mon peuple, est oublié au profit de micropeuples de substitution : les marges célébrées par la Pensée d’après 68 – les Palestiniens et les schizophrènes de Deleuze, les homosexuels et les hermaphrodites, les fous et les prisonniers de Foucault, les métis d’Hocquenghem et les étrangers de Schérer, les sans-papiers de Badiou. (…) C’est à ce peuple que parle Marine Le Pen. Je lui en veux moins à elle qu’à ceux qui la rendent possible ».

En résumé, et ce même si Michel Onfray concède qu’il faut que « ces marges cessent de l’être » (sans expliquer comment) : « Si on ne fait rien qu’à s’occuper tout le temps des Musulmans, des migrants, des Palestiniens et des homos, bah faut pas s’étonner que le vrai peuple, le bon peuple, il vote FN ». Ou comment mettre en contradiction, qui plus est sur la base d’une réalité fantasmée, les intérêts des groupes victimes d’oppressions spécifiques et les intérêts de l’ensemble de la population. Et comment expliquer que les immigrés et les LGBTI (entre autres) ne feraient pas partie du « peuple »...

Critiqué par certains à gauche, notamment suite à ces déclarations au Figaro, Michel Onfray se drape dans l’habit de la victime, de l’intellectuel hétérodoxe persécuté par la « bien-pensance ». Alors qu’il suffirait tout simplement que cet ancien compagnon de route de la gauche radicale admette qu’il se situe aujourd’hui, à l’instar de bien d’autres « ex », du côté de la réaction. La liste de ceux qui lui ont récemment apporté leur soutien parle, à ce titre, d’elle-même : Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Jean-François Kahn ou encore… Éric Zemmour. Une belle brochette de « dissidents »…