Publié le Dimanche 13 mars 2011 à 18h07.

Normicides

On ne peut quand même pas affirmer que le patriarcat ne subit aucun revers. Des choses changent, évoluent, qui introduisent la politique, même dans les rapports les plus privés et qu’on pourrait croire les plus figés. Des preuves ? Les statistiques disent que 80 % des tâches ménagères sont encore effectuées par les femmes. Soit. Mais l’expérience vécue par la plupart des mecs dément complètement ce chiffre implacable, tout au moins pour les hétéros qui vivent en couple. Pour la plupart, il est évident de partager le travail quotidien avec leur compagne – et pas seulement de lui descendre sa poubelle à l’occasion –, de lui laver ses plats à gratin aussi, par exemple... Toute la subtilité est dans une intelligente et harmonieuse répartition des tâches dont les chiffres bruts ne pourront jamais rendre compte. Imaginons un déménagement. Que monsieur porte les cartons pendant que madame range, nettoie et nourrit les honnêtes travailleurs de force peut être considéré comme une répartition naturelle des efforts. Cette répartition peut aussi se faire par affinité : bien souvent, les hommes sont plus portés vers le bricolage et les femmes aiment garder la main sur la cuisine, le ménage ou le linge. Oui, surtout le linge : là, les stats explosent carrément à 98 %. Les inégalités flagrantes qui résistent sont l’apanage des vieux : avec les jeunes, ça s’arrangera tout seul, ça s’arrange déjà. Vous dites ? Le transport des cartons est beaucoup plus circonscrit dans le temps que le rangement qui le suit ? Le bricolage ponctuel ne compensera jamais toute une vie de ménage, vaisselle et cuisine ? Même pour les jeunes générations, l’arrivée des enfants est l’occasion de reproduire les bons vieux schémas genrés ? Mais ça ne change à rien à la conclusion, voyons ! Au fond, c’est le partage qui compte... à moins qu’il n’y ait, là aussi, un décalage de perception bien genré.