Publié le Mardi 20 mai 2014 à 16h21.

«Oui, l’École doit s’engager contre l’homophobie et contre la transphobie!»

Par le Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire. Publié par Yagg. À l'occasion de son 10e anniversaire et de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, le Collectif précise ce qu'est à ses yeux le rôle de l’École et sa mission d'éducation du citoyen au vivre ensemble.

Le Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire réaffirme, à l’occasion de son 10e anniversaire, l’urgence et la nécessité de lutter contre toutes les discriminations à l’école. En tant que jeunes, parents et professionnel.le.s de l’éducation, nous nous plaçons bien dans une logique de protection et d’épanouissement de tous les enfants, alors que d’autres aimeraient les emprisonner dans leur vision étriquée du monde.

L’école doit œuvrer à la déconstruction des stéréotypes de genre. Pourquoi? Parce qu’ils enferment les hommes et les femmes, les filles et les garçons dans certains rôles et comportements sexués, qui ont des conséquences en terme d’inégalités, de discriminations et de violences. Les salaires inférieurs des femmes, les violences conjugales et les prises de risques «viriles» des jeunes hommes sur la route n’en sont que des exemples parmi tant d’autres. La complémentarité des sexes n’est qu’un mythe, qui réserve la sphère publique aux hommes et la sphère familiale et domestique aux femmes, et qui vise à maintenir l’ordre social en le faisant passer pour «naturel». Chaque fille, chaque garçon est un être unique, et il n’existe pas de particularités de goût, de caractère ou d’aptitude qui serait partagé par toutes les filles ou par tous les garçons. Les résultats des neuro-sciences montrent que les différences de cerveaux sont individuelles, il est faux de parler de cerveau féminin ou masculin.

Le cerveau humain est programmé principalement pour une chose: apprendre. Tout dépend ensuite de ce qu’on lui donne à apprendre.

Pour autant, déconstruire le genre n’aboutit pas à l’indifférenciation tant redoutée par certain.e.s qui agitent l’épouvantail d’une pseudo «théorie». Il s’agit de prendre conscience que la plupart des différences entre les sexes ont été culturellement construites, afin que chaque personne puisse évoluer librement et choisir sa profession, ses loisirs, ses centres d’intérêts, ses comportements indépendamment de son appartenance de sexe. Le résultat n’en sera donc pas l’uniformité, mais au contraire la richesse de la diversité!

La question du genre, et donc de la construction de sa propre identité, n’est pas réservée aux seules personnes qui pourraient d’une façon comme d’une autre remettre en question les «normes» et les codes établis homme/femme. Elle est universelle, parce qu’elle concerne TOUS les individus, qui tout au long de leur vie viennent peu ou prou réinterroger cette notion au fil des apprentissages, de leur culture, de la perception et de la «revendication» de leur personnalité, et cela se traduit par leur posture, leur langage, leur habillement… La façon dont chaque personne s’approprie ou rejette les codes de genre, en négociant et en s’affranchissant plus ou moins des normes, cette «expérience» du genre est unique et très personnelle.

Dans la même optique, l’école doit évoquer les questions LGBT. Parler d’homosexualité ne peut pas inciter les jeunes à devenir homosexuel.le.s pour autant, parce qu’on ne choisit pas de qui on tombe amoureux. De même que lutter contre le racisme ne les incite pas à changer de couleur de peau!

On se découvre gay, lesbienne, bi.e ou trans’ dans tous les milieux, quelle que soit l’éducation reçue, y compris dans la famille. Mais selon que l’homosexualité et la transidentité sont banalisées ou diabolisées dans son milieu, le/la jeune pourra s’épanouir en harmonie avec ce qu’il/elle est, ou ne pourra pas choisir de s’assumer et éprouvera une grande souffrance. Ainsi, l’école a un rôle à jouer dans la prévention de la dépression et du suicide des jeunes LGBT, suicide dont les chiffres sont une vraie question de santé publique.

Oui, c’est bien le rôle de l’école d’agir dans une logique de prévention des discriminations, du harcèlement et des violences.

C’est bien son rôle d’accueillir tou.te.s les enfants, quelles que soient les familles dans lesquelles ils/elles grandissent; les familles homoparentales, transparentales sont des familles comme les autres.

La lutte contre les LGBTphobies est bien incluse dans la mission de l’école d’éduquer contre toutes les formes de xénophobie, au même titre que la lutte contre le racisme, le sexisme, la stigmatisation liée à la situation sociale ou au handicap.

C’est bien le rôle de l’école d’alléger le poids des déterminismes pour favoriser l’émancipation de tou-tes les élèves, de jeunes dont la personnalité est en construction.

Elle doit contribuer à inventer une culture de l’égalité: égalité en droits, mais aussi égalité subjective afin que chaque personne, unique, se sente pleinement l’égale de l’autre quelle que soit son identité.

Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire: FCPE, Fep-CFDT, Ferc-CGT, FSU, Sgen-CFDT, Sud éducation, UNEF, FIDL, UNL