Le procès des policiers de Grasse responsables de la mort d’Hakim Ajimi s’est terminé la semaine dernière.Une fois de plus, la connivence de la police avec la justice est poussée jusqu’à la complicité. Tout accable ces sept policiers, depuis les expertises médicales qui démontrent que Hakim est mort d’asphyxie lente dans d’atroces souffrances, jusqu’aux témoins, dont même un policier municipal, qui affirment que Hakim n’opposait plus de résistance réelle à son interpellation. Et pourtant, le procureur, tout en constatant « une succession de fautes qui ont provoqué la mort d’Hakim Ajimi », pour reprendre ses termes, a uniquement requis des peines avec sursis d’un et deux ans pour les deux policiers de la BAC, Jean-Michel Moinier et Walter Lebeaupin, et une peine de principe pour quatre fonctionnaires de police. C’est ce mépris, toujours et encore, qui a conduit la famille de Hakim et ses soutiens à quitter le tribunal avant la fin de cette mascarade judiciaire.
Une fois de plus, le deux poids deux mesures.
Très récemment, la mort de Wissam el Yamni à Clermont-Ferrand a provoqué dans certains quartiers la révolte légitime de quelques jeunes. Ces derniers ont été jugés en comparution immédiate, avec une fréquence de sept dossiers instruits par jour, quand l’instruction pour Hakim aura duré quatre ans. L’un de ces jeunes a été condamné, lui, à deux mois de prison fermes pour avoir caillassé un véhicule de pompiers.
Aucune avancée non plus, au sortir de ce jugement, concernant la technique d’asphyxie posturale, pourtant interdite dans plusieurs pays et États américains. Une technique utilisée pour les étrangers en situation irrégulière lors des reconduites à la frontière, et qui a tué plusieurs fois : Mohamed Ali Saoud, Karim Aouad, Lamine Dieng, Hakim Ajimi, Ali Ziri et beaucoup d’autres. L’un des avocats des policiers à Grasse indiquait : « Il est certain que la réponse du tribunal intéresse tous les fonctionnaires de police français, qui veulent savoir ce qu’ils doivent ou non faire ». Le message donné est une fois de plus très clair : le permis de tuer en toute impunité est offert ; au pire, ces policiers ne risqueraient que la correctionnelle et non les assises, des peines avec sursis et non fermes, avec en prime le droit de continuer à exercer sur les lieux de leur crime. Un mépris de plus qui a contraint les parents de Hakim au déménagement, pour ne plus croiser le regard de ceux qui ont éteint celui de leur fils.
Rendez-vous est pris entre les différents collectifs Justice et vérité, pour faire du 24 février, jour du verdict, une journée d’action contre les violences policières.
Omar Slaouti