La police a fait irruption mardi 6 juillet à 6 heures dans le quartier du Hanul à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ils ont expulsé les habitants et leurs soutiens par la force et ont immédiatement détruit le camp à l’aide de trois bulldozers. Les familles n’avaient jamais reçu de notification d’une décision judiciaire. Le Hanul existait depuis dix ans et avait fait l’objet d’une convention avec la mairie, signée en 2003. La plupart des enfants étaient scolarisés dans les écoles du quartier. Les Dyonisiens du Hanul ont donc dû quitter précipitamment leurs habitations, n’ayant plus le temps de prendre leurs affaires. Mais faire disparaître les bidonvilles ne fait pas disparaître leurs habitants, condamnés à errer et à vivre dans une précarité encore plus grande. Depuis le mardi 6 juillet, les familles avec le collectif de soutien, dont le NPA fait partie, revendiquent un relogement immédiat auprès de la mairie de Saint-Denis, de Plaine Commune et de l’État. L’État répond par le harcèlement policier et les opérations coup de poing : jeudi 8, treize fourgons de CRS et dix voitures de police ont été mobilisés pour déloger le « camp de réfugiés » que les familles et les soutiens avaient installé en centre-ville, soit une centaine de personnes. 24 soutiens ont été interpellés, dont un frappé, mis en garde à vue et inculpé, simplement parce qu’il prenait des photos de l’intervention policière. La mairie a refusé tout soutien, sous prétexte de ne pas vouloir pérenniser les bidonvilles et de mettre l’État face à ses responsabilités. Elle cherche à établir un rapport de forces avec l’État pour qu’il prenne en charge l’accueil des Roms, mette fin au statut provisoire, en demandant une table ronde ! En expulsant le camp du Hanul, Lambert, le préfet du Raid de Seine-Saint-Denis, s’attaque à un symbole et envoie un signe fort pour l’été et les mois à venir : les Roms ne sont pas les bienvenus en France, ils sont bien les nouveaux parias et il faut les chasser. Le ministre Hortefeux s’est d’ailleurs félicité le 24 juin dernier à Bobigny de la destruction de 37 camps sur les 59 existant en Seine-Saint-Denis. Et il peut se le permettre puisque les autorités locales, sous prétexte de la non-intervention de l’État pour les soutenir, acceptent tacitement ces expulsions, voire les soutiennent activement. Dans des logiques électoralistes, des maires surfent même sur la vague du racisme anti-Roms et ne se soucient pas du devenir de ces populations expulsées. Ils préfèrent qu’elles soient « gérées » par leurs collègues voisins. Et s’ils s’en soucient, c’est pour parquer les « bons » Roms dans des villages d’insertion. Ainsi, à Montreuil, l’un des terrains gérés par la municipalité est un camp sous surveillance : impossible d’entrer sans laissez-passer, seules les associations en charge officiellement de l’accompagnement peuvent entrer, les habitants du camp sont pointés du doigt par les Montreuillois, etc. Face à cette absence de mobilisation politique, le préfet peut poursuivre sa mission d’expulsion massive des campements, d’autant plus que Sarkozy rencontre souvent le président roumain Basescu, pour renforcer la répression anti-Roms : la levée du statut provisoire n’interviendra peut-être pas fin 2013. Le NPA revendique : l’arrêt des expulsions de camps et des reconduites à la frontière ; la fin du statut provisoire des Roms (sur l’accès au droit au travail ; la scolarisation des enfants et l’accès aux soins ; l’entretien des terrains sur lesquels les Roms s’installent, en fournissant poubelles, eau et sanitaires. Face à la multiplication des expulsions, une commission s’est créée avec des militants de la Seine-Saint-Denis. L’objectif est de créer un réseau d’alerte, d’information, et de contribuer à politiser la question de la situation des Roms, souvent traitée de façon humanitaire. Si vous souhaitez rejoindre le groupe, vous pouvez vous inscrire auprès de npa_romsenlutte@yahoo.fr.Laure (Saint-Denis), Anne-Laure (Pantin), Gaëlle (Montreuil), Véronique, David et Sébastien (Noisy-le-Grand) Voir dossier dans Tout est à nous ! n° 50.
Crédit Photo
Photothèque Rouge/LB