Jeudi 3 novembre, des associations qui s’occupent de mineurs non accompagnés se sont rassemblées devant les locaux de l’ASE (Aide sociale à l’enfance) pour demander la protection et la mise à l’abri de 12 adolescents à la rue depuis des semaines, pour certains des mois...
L’appel a été lancé par Médecins du Monde, la Ligue des droits de l’homme et le Réseau éducation sans frontières. L’ASE est tenue par la loi d’accueillir les mineurs isolés dès leur arrivée, avec devoir de les héberger, d’assurer un accompagnement socio-éducatif, les soins médicaux, le suivi de leur régularisation, de leur scolarisation… Mais la loi n’est absolument pas respectée !
Des lettres ont été remises à l’arrivée aux salariéEs de l’ASE, leur assurant qu’ils n’étaient pas du tout ciblés par cette action, mais qu’au contraire, nous demandions des moyens pour qu’ils puissent faire leur travail. Plus de 150 personnes sont venues au rassemblement, un midi en semaine... En plus des trois associations appelantes étaient présents la Fédération des parents d’élèves, la Cimade, le Secours populaire, les Restos du cœur, le Réseau solidarité migrants, le syndicat SUD santé sociaux, Welcome, l’AHSETI du Havre, des citoyens, de nombreux artistes, et bien sûr les jeunes concernés qui ont voulu être partie prenante de l’action.
La police était là en force, avec des voitures barrant la rue, des flics à l’intérieur de l’ASE et devant l’entrée...
On reste jusqu’à satisfaction !
En début d’après-midi, les services de l’ASE ont reçu individuellement trois jeunes, accompagnés d’un adulte, pour leur dire qu’il n’y avait pas de solution d’hébergement pour ce soir. Les jeunes et les manifestantEs qui le pouvaient ont décidé de rester dans la cour de l’ASE jusqu’à ce que l’on obtienne satisfaction. Le jour même, une soixantaine de mineurs arrivés de Calais ont été hébergés, ce qui est très bien. Et personne ne pouvait admettre qu’on ne puisse pas en faire autant pour ces 12 jeunes !
Alors on est restés, et les jeunes ont commencé à déplier leur duvet. C’est seulement à 18 h 30 qu’une délégation a été reçue par un représentant du préfet, du département et de la direction de l’ASE. Après une discussion pénible, les autorités ont d’abord lâché 10 hébergements. Et enfin, après suspension de séance, elles ont cédé, acceptant la mise à l’abri, provisoirement à l’hôtel, des 12 jeunes concernés.
C’est la mobilisation citoyenne pour les mineurs non accompagnés qui a permis de gagner cette première manche. Nous demeurons en alerte quant aux dysfonctionnements de l’ASE dans le département. Nous ne lâcherons pas : un toit, des soins, une école, des papiers, un accompagnement social et éducatif… Ce sont des droits !
Correspondante