Nous avons eu droit à Saint-Denis à une illustration de la politique du préfet Lambert : dans le 93, la police impose son contrôle du terrain.
Jeudi 23 juin, en fin de journée, au moment où les enfants jouent dehors, plusieurs dizaines de policiers en tenue et en civil ont débarqué dans la Cité Pierre-de-Montreuil en plein centre-ville de Saint-Denis. Flashballs braquant les fenêtres, matraques et lacrymogènes dégainées, les policiers ont joué à la guerre : abrités sous les porches, traversant le petit passage comme s’ils étaient menacés, brutaux voire incorrects avec les habitants pour les inciter à se calfeutrer chez eux, ils ont finalement fouillé les parties communes de deux entrées avant de repartir, laissant trois policiers à un coin de rue.
Alors que la vie reprenait son cours, deux jeunes se sont rendu compte que leur voiture garée en bas de chez eux avait été verbalisée et ont interpellé les policiers. Très vite le ton est monté et les trois policiers, pourtant armés, face à deux jeunes gens simplement énervés ont appelé du renfort. Les dizaines de policiers sont alors réapparus courant dans tous les sens, frappant les jeunes, lançant une grenade alors que des enfants étaient dans les environs, agressant verbalement des jeunes et un adjoint au maire qui tenait une réunion à l’antenne jeunesse. Les grands moyens ont été déployés avec un hélicoptère qui stationnait au-dessus du quartier, rappelant les soirées de 2005. Cette opération très violente a déclenché la colère des passants. Depuis les étages, des projectiles ont visé les véhicules des forces de l’ordre. Résultats de l’opération : la porte d’un appartement défoncée, cinq jeunes interpellés violemment et embarqués et un peu plus de tension entre les habitants et la police. 48 heures de garde à vue, trois jeunes déférés en comparution immédiate pour caillassage, un autre interdit de quitter le territoire d’ici à son procès fin août et le cinqième interdit de circuler dans la cité où les faits se sont déroulés !
Explication de ce rodéo et des attitudes provocatrices de la police : la veille, quatre policiers avaient été visés par une chaise depuis un étage ; un policier (de la brigade ferroviaire semble-t-il ?) a été atteint à la tête. Quand un des siens est visé, la police occupe le terrain jusqu’à ce que personne ne discute plus sa présence, d’après le commissaire, tandis que certains de ses hommes parlaient plus trivialement de vengeance. Les objectifs politiciens d’un préfet mis en œuvre par des policiers qui oscillent entre la peur et le mépris, cela ne peut produire que de l’injustice.
Correspondants locaux