La succession de règlements de comptes à la Kalachnikov à Marseille alimente une polémique au sein du PS et entre le PS et l’UMP, occasion de surenchères sécuritaires qui stigmatisent les quartiers populaires comme lieux de toutes les violences. Ayrault a convoqué un comité interministériel sur la question. Le PS entend bien ne pas abandonner le terrain à la droite.« Marseille est une ville en très grande perdition, qui a besoin d’une réponse exceptionnelle de l’État », répond Manuel Valls à Jean-Luc Gaudin, maire UMP de Marseille depuis dix-sept ans, qui demandait qu’elle soit déclarée zone de sécurité prioritaire (ZSP), la dernière trouvaille du nouveau ministre de l’Intérieur. En dénonçant le prétendu laxisme de la gauche, Gaudin cherche à faire oublier ses propres responsabilités comme celles de l’UMP dans la dégradation de la situation dans les quartiers les plus populaires, les plus pauvres de Marseille. Il s’en prend à l’État pour se dédouaner de ses responsabilités sans laisser le terrain au PS.La polémique fait, en effet, suite à la sortie de la sénatrice PS, maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, Samia Ghali. Dans le journal La Provence,elle a proposé, la semaine dernière, de faire intervenir l’armée dans les quartiers. « Il est hors de question que l’armée puisse répondre à ces drames et à ces crimes. Il n’y a pas d’ennemi intérieur », avaient alors répondu le ministre de l’Intérieur puis François Hollande. Jean-Pierre Mignard, avocat et membre du membre du conseil national du PS, avait, de son côté, demandé que l’état d’urgence soit proclamé« pour donner des pouvoirs plus étendus à la police si le besoin s’en fait ressentir ». On le voit, Valls suscite au PS une émulation sécuritaire qui rivalise avec la démagogie des Guéant et autres Guaino…Envoyer l’armée, décréter l’état d’urgence, demander que Marseille soit ZPS, ou simplement – si l’on peut dire – envoyer les CRS, reste dans la même logique répressive de stigmatisation qui désigne à la vindicte les quartiers les plus défavorisés. Il ne s’agit pas d’apporter des réponses mais de bluffer l’opinion en faisant croire que l’État agit. Une telle démagogie vise à masquer le manque de moyens d’une justice désarmée contre le grand banditisme comme l’abandon des quartiers les plus pauvres au chômage, à la misère, au désespoir, à l’exclusion. Les stigmatiser pour en faire des ghettos est la pire des politiques. Elle exacerbe les tensions en cherchant à masquer la responsabilité de ceux qui dirigent : patronat, gouvernement, municipalité. La réponse ne peut venir que de la lutte contre le chômage, la précarité, en développant les services publics qui ont déserté les quartiers, en donnant aux habitantEs les moyens de s’organiser pour faire vivre leur quartier au lieu d’enfermer des populations entières dans le ghetto du désespoir sous la surveillance policière...