Publié le Vendredi 5 mai 2017 à 10h14.

Surpopulation carcérale, le scandale permanent !

L’Observatoire international des prisons (OIP), avec le soutien des barreaux de Paris, des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne, ainsi que celui de plusieurs associations d’avocats, saisit le juge des référés du tribunal administratif de Melun. Il s’agit de dénoncer les conditions de détention indignes et inhumaines dans les prisons françaises. 

Le quinquennat Hollande a permis l’augmentation du nombre des personnes incarcérées, exactement 3 000 d’après le ministre de la Justice. Survivent donc aujourd’hui dans les prisons françaises 70 230 personnes... pour 58 760 places. Chaque nuit, entre 1 400 et 1 900 personnes dorment sur des ­matelas jetés par terre...

L’État français hors-la-loi

Avec des cellules de 9 m2 dans lesquelles 2 voire 3 personnes s’entassent, on est loin de la recommandation européenne de l’encellulement individuel. La Cour européenne des droits de l’homme a d’ailleurs condamné l’État français à plusieurs reprises pour des traitements dégradants, assimilés à des actes de torture.

Ces conditions de vie sont une atteinte profonde au droit à la vie privée, au respect de l’intimité, au droit à la sécurité de chacun. Des détenus et des surveillants constatent toujours la présence de rats, porteurs de maladies sérieuses dont la listériose, de punaises de lit, du manque d’hygiène, dont l’impossibilité de prendre une douche régulière. La surpopulation, cela signifie aussi des relations tendues des personnes incarcérées, entre elles et avec les surveillants, un surcroît d’actes de violence, des fouilles au corps systématiques...

Le 13 avril, les surveillants ont manifesté devant de nombreuses maisons d’arrêt leur ras-le-bol de la surpopulation carcérale et du manque de moyens humains pour y faire face.

Comment la France en est-elle arrivée là ?

La question de la surpopulation exprime le mépris de l’État français pour une partie de la population, et c’est bien un mépris de classe. Car celles et ceux qui remplissent les prisons sont en grande majorité des auteurs de petits délits, des délits qui n’ont cessé d’être fabriqués, le soupçon par exemple, et pour lesquels les sanctions ont été constamment durcies, comme pour l’outrage aux forces de l’ordre ou la rébellion.

Ainsi, le nombre de personnes en détention préventive est passé de 16 773 à 20 450 pendant les cinq dernières années et les personnes souffrant de troubles psychologiques représentent aujourd’hui 30 % de la population carcérale.

Ces prisons de la misère sont un outil de gestion des populations les plus démunies, celles qui sont toujours présumées coupables, les jeunes des quartiers populaires, certains malades, les militants syndicaux ou associatifs et plus largement celles et ceux qui contestent leur ordre.

Supprimer la surpopulation carcérale ?

Certainement pas en créant de nouvelles places de prison, comme le proposent Macron – qui en promet 15 000 de plus – et Le Pen – 40 000 ! Au contraire, il faut vider les prisons : faire sortir toutes celles et ceux qui n’auraient jamais dû y entrer : les personnes en souffrance psychique qui ont surtout besoin de soins, les prévenuEs en attente de jugement, les auteurEs de délits mineurs... Soit environ la moitié des prisonniers actuels !

Une telle politique supposerait le renforcement des moyens dédiés à l’éducation, la santé, la culture. Cela supposerait de développer systématiquement les alternatives à l’incarcération pour la plus grande partie des délits. S’il y a malgré tout incarcération, au moins que ce temps de privation de liberté soit le plus utile possible aux détenuEs, par l’étude, un travail rémunéré au SMIC, l’activité culturelle, sportive...

Roseline Vachetta