Publié le Jeudi 9 juin 2016 à 06h17.

Tout le monde déteste la loi travail et son gouvernement !

La mobilisation contre la loi travail résiste depuis plus de trois mois à une répression sans précédent, au coup de force du 49-3, et aux multiples manœuvres de division...

Sans être nouvelle, la criminalisation des militantEs, syndicalistes et/ou jeunes, devient systématique et ­particulièrement lourde.Répression, violence policière et arrogance pour seule réponseAinsi à Lille, un jeune militant CGT arrêté le 17 mai est placé en détention préventive jusqu’au 9 juin, date de son procès. Il risque une peine de prison ferme pour un acte qu’il nie avoir commis. Il ne s’agit là que d’un cas parmi de trop nombreux autres. Grâce à l’état d’urgence et aux lois sécuritaires, le gouvernement cherche à intimider ses opposantEs.

Et en matière de violences policières, les derniers jours ont été particulièrement chargés, alors que plusieurs militants blessés par la police sont toujours dans un état grave. Ainsi à Rennes, la police a chargé les manifestantEs en camions pour les empêcher de bloquer la rocade. À Saint-Malo, ce sont des enfants d’un quartier populaire qui ont été blessés par la police lors de l’évacuation particulièrement brutale de leur collège situé dans un quartier populaire, collège menacé de fermeture.

La violence est aussi dans le mépris et l’arrogance du pouvoir, poussés jusqu’à la provocation avec mercredi 8 juin un meeting de soutien à la loi travail, en présence de Valls, El Khomri, Cambadélis et Le Foll, meeting dans lequel ils osent prétendre qu’ils vont « défendre le progrès social »... Le gouvernement cherche à enrôler à ses côtés jusqu’à la météo. Crues et inondations sont ainsi invoquées pour faire cesser les grèves... par solidarité !

Mais derrière cette assurance affichée par Hollande, Valls ou Macron, des craquements se font entendre. La crise politique est bien réelle, et elle est d’abord le résultat de l’immense rejet de leur politique, de l’impopularité record du PS. Ce rejet vient de loin, de toute la rage accumulée contre des politiques qui appauvrissent les plus pauvres, fragilisent les salariéEs et profitent encore et encore aux actionnaires, des politiques menées par un personnel toujours plus discrédité, rattrapé par tous les scandales de leurs multiples fraudes et malversations illustrées encore récemment par la triche fiscale de Macron.

Faire feu de tout bois

La conjugaison de l’impopularité du gouvernement et de la popularité du mouvement ouvre la possibilité de gagner. Mais pour arracher le retrait de la loi travail et la chute du gouvernement Valls qui lui a lié son sort en utilisant le 49-3, il faut encore pousser notre avantage, construire le rapport de forces, et pour cela faire feu de tout bois.

Aujourd’hui, ce sont des secteurs qui sentent qu’ils ont un impact immédiat sur l’économie qui sont en grève reconductible : raffineries, rail, ports, énergie... Ces grèves sont décisives : elles reçoivent un très large soutien, elles doivent tenir, s’élargir, gagner d’autres secteurs. Des grèves moins médiatisées ont aussi lieu dans le privé et peuvent gagner en bénéficiant du climat ambiant et de la peur de la généralisation. Mais il reste d’énormes forces à mobiliser dans les quartiers et dans les entreprises, des salariéEs, intérimaires, précaires, chômeurEs, retraitéEs ou étudiantEs...

Dans leur immense majorité, ils et elles refusent la loi travail comme le pas de trop dans les sacrifices infligés au nom de la compétitivité et avec la promesse de la fin du chômage. Dans leur immense majorité, ils et elles ne se sentent pas représentés par ce gouvernement auquel ils et elles n’accordent aucune confiance. Mais c’est la confiance en l’utilité et l’efficacité de notre mobilisation qui manque encore pour s’y lancer maintenant.

Tout est possible !

Alors il faut convaincre, mobiliser, utiliser tous les moyens pour que le rapport de forces s’exprime : la grève évidemment, les blocages et occupations, être présents partout, y compris avec la votation citoyenne pour interpeller et entraîner dans l’action...La loi est encore en discussion, les soubresauts parlementaires ne sont pas terminés. Nous avons une opportunité supplémentaire. La puissance de l’aïkido réside dans l’art de retourner contre l’adversaire sa propre force. Faisons de même. Le gouvernement français compte bien utiliser l’Euro 2016 de football qui débutera ce vendredi 10 juin comme puissant anesthésiant contre la mobilisation et comme moment de promotion internationale. À nous d’utiliser cette exposition médiatique et financière pour donner plus d’écho au mouvement et amplifier la crise politique.

Nous avons quelques jours pour préparer la manifestation nationale du mardi 14 juin à Paris comme un événement exceptionnel, une démonstration de force qui doit faire date.

Christine Poupin