Publié le Mercredi 9 décembre 2020 à 11h50.

Souscription 2020 : la course aux armements financiers

Il est toujours — et plus jamais — temps de donner à la souscription du NPA !

Cet article fait suite à celui paru dans l’Anticapitaliste du 26 novembre 2020. Nous y relevions que l’ensemble de la séquence électorale aux USA en 2020 a battu tous les records de surenchère financière. 13,3 milliards de dollars ont été dépensés pour la présidentielle (primaires comprises) et les élections au Congrès. Par ailleurs, le poids des donateurs milliardaires dans le processus s’est lui aussi alourdi de telle sorte qu’un professeur de droit de l’université de Columbia cité par les Échos déclare, non sans ironie : « Les critiques des inégalités américaines parlent souvent des "1 %" de la population, mais en ce qui concerne le financement des campagnes, ce sont les 0,0001 % qui comptent ».

« Quoi qu’il en coûte »

Comment comprendre socialement et politiquement cette véritable course aux armements financiers du système électoral américain ? Sans surprise, l’essentiel des fonds se consume aujourd’hui en publicités, surtout télévisuelles et digitales, les secondes faisant l’objet d’une attention et d’une débauche de moyens technologiques particulière puisqu’elles permettent un ciblage très précis des électeurs. Ainsi se réalise le rêve du marketing : faire du « one-to-one » à une échelle de masse ! Mais ce n’est là que la conséquence et pas la cause. Même si le processus électoral s’en trouve bouleversé en retour, il faut d’abord se demander pourquoi et pas comment de telles sommes et techniques sont mobilisées.

Certes, toute course aux armements possède sa logique propre de dégénérescence inflationniste. Mais au-delà de l’autonomie relative d’un phénomène bien connu en régime capitaliste, on peut supposer que l’explosion des budgets électoraux est une réponse défensive émanant d’un système politique dont le discrédit sans cesse approfondi l’oblige à déployer tous les moyens imaginables pour maintenir un semblant d’intérêt envers les élections et surtout provoquer un choix en faveur d’un des candidats. C’est le « quantitative easing » appliqué au système électoral. Quoi qu’il en coûte, le liquide doit couler dans les veines du vieillard cacochyme...

Processus électoral verrouillé

Dans un même mouvement de blindage et de confiscation, on peut également supposer que l’explosion quantitative et relative des donations issues de grandes fortunes personnelles et d’entreprises reflète la trajectoire d’un système en chemin vers la réalisation de son essence ploutocratique. En effet, sur des bases propres à chaque pays, l’oligarchie libérale-autoritaire se décline différemment dans l’articulation entre classe dominante et appareils d’État : ploutocratique aux USA, technocratique et policière en France, militaire ou liée aux services secrets ailleurs...

Dans cette sombre perspective, l’élection du « POTUS » tendrait à être une décalcomanie de la victoire de certains secteurs du capital sur d’autres, les électeurEs n’étant plus que des soldats de plomb pour l’une des deux configurations d’intérêts qui se formeraient à chaque scrutin au sein de la classe dominante au sens étroit. On nous répondra que le système politique et institutionnel n’a pas attendu cette course aux armements financiers pour enfermer chaque élection dans le faux choix bi-partisan. Sauf que la poussée de candidats tels que Bernie Sanders inquiète. Le mur de l’argent fonctionne alors comme une arme défensive efficace au sein de l’arsenal déployé par l’establishment du Parti démocrate. Et une fois les impétrants écartés, le combat de titans jamais à court de papier monnaie termine de saturer et verrouiller le processus électoral.

Nous verrons dans un prochain article comment le levier financier participe au verrouillage du système politique français, quoique d’une manière autre que celle sévissant aux USA. En attendant, faites un don au NPA ! Chacun euro est vital pour boucler notre budget courant !

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