Organisée par le NPA, la rencontre nationale des salariéEs du public et du privé qui s’est déroulée les 11 et 12 janvier a été un succès, réunissant plus de 180 militantEs et sympathisantEs.
De nombreux militantEs dans les entreprises publiques ou privées se posent le problème de résister à l’offensive gouvernementale et patronale, de construire des perspectives pour renforcer et développer les luttes engagées, et œuvrer à la reconstruction d’un mouvement ouvrier lutte de classe. Pendant deux jours, militantEs et sympathisantEs venuEs de toutes les régions ont donc discuté autour de trois débats généraux et au sein de nombreuses commissions… et bien entendu à bâtons rompus durant les temps de pause.
Les mauvais coupsUn premier débat général « intervenir dans les entreprises » visait à échanger sur nos analyses des évolutions du monde du travail qui aboutissent aux situations et aux difficultés que nous rencontrons chacunE sur nos lieux de travail. Quelles sont les causes de la dégradation du rapport de forces entre le patronat et le mouvement ouvrier ? Comment les offensives patronales depuis plus de 30 ans ont-elles réorganisé le monde du travail ? Comment les politiques gouvernementales, des gouvernements de « gauche » comme de droite mettant en musique ces attaques, ont-elles fait exploser les repères droite / gauche ? Comment combattre la dépolitisation et plus grave encore l’imprégnation des idées de l’extrême droite ? Enfin, parce qu’il n’y a pas que des obstacles, quels points d’appui avons-nous pour dépasser enfin les clivages qui ont verrouillé le débat démocratique dans un mouvement ouvrier longtemps dominé par le stalinisme et par les bureaucraties syndicales ? Comment se mobiliser, avec les salariéEs qui ne veulent plus subir les politiques d’austérité ?
Construire les ripostesLes réponses à ces questions ont été débattues, à partir des expériences pratiques, dans les commissions : quelles sont les conséquences de la mise en place des accords de compétitivité sur les conditions de travail ? Comment faire face à la répression et aux discriminations contre les syndicalistes ? Quelle est la réalité de la montée des idées d’extrême droite dans les entreprises et comment y résister ? Quelle est la situation des femmes dans le monde du travail, quels combats féministes ? Comment défendre la protection sociale et son financement ? Quelles sont les limites de l’utilisation du juridique, comment les révolutionnaires peuvent-ils intervenir dans les institutions représentatives du personnel ? Comment se positionner face à la montée du protectionnisme et de l’idée de « défense de l’entreprise » au nom de la crise ?Pour le NPA, les réponses se déclinent dans l’intervention politique et la construction des organisations syndicales. Nous avons donc débattu des moyens nécessaires pour défendre dans les entreprises nos réponses à la crise économique, politique et écologique du système : tract politique, bulletin d’entreprise ou de branche d’activité, réunions politiques... La discussion a ensuite porté sur l’état des organisations syndicales en crise du fait des reculs du mouvement ouvrier mais aussi de la responsabilité des directions. L’intégration des directions syndicales et la bureaucratisation est un élément d’affaiblissement de la combativité des salariéES, mais le refus de cette logique et la réaction ouvrent des possibilités pour avancer nos perspectives d’auto-organisation.
Prêts pour les luttes, maintenant !Samedi soir, avant de se réunir autour d’un apéro, Philippe Poutou a rappelé les luttes en cours et les problèmes qu’elle posent : les luttes contre les licenciements en Bretagne où le NPA cherche à aider à la constitution d’un « pôle ouvrier », la radicalité de luttes comme celle des Goodyear qui bien qu’ayant épuisé les recours juridiques continue de résister à un patronat aussi radical... Comment construire les convergences syndicales et politiques pour imposer des mesures pratiques d’interdictions des licenciements ? C’est d’autant plus indispensable qu’il s’agit de redonner des perspectives politiques pour construire une opposition, comme l’a rappelé Christine Poupin dans son intervention, contre le Pacte de responsabilité que Hollande propose au Medef, et dont Bernard Hess de la commission santé sécu social a détaillé les conséquences sur la protection sociale.Après la rencontre nationale des comités du NPA de décembre, cette réunion, la première depuis 2009, confirme la vitalité et les besoins d’échanges des équipes militantes. C’est une étape de (re)construction de nos interventions, de mises en commun des pratiques militantes, incluant des débats assis sur ces pratiques.
Cathy Billard