L'année 2011 sera-t-elle celle de l'effacement d'Olivier Besancenot par Jean-Luc Mélenchon ? La question sera en tout cas dans toutes les têtes à la veille du congrès du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui se réunit du 11 au 13 février à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Voici des mois que le président du Parti de gauche - candidat putatif du Front de gauche pour 2012 - est omniprésent dans les médias. Livre, émissions de télévision, radios, réunions publiques, on le voit partout. Un peu à l'image du candidat Besancenot un an avant l'élection présidentielle de 2007.
Depuis septembre 2010, ce sont les bons mots du député européen qui font le "buzz". La gouaille du "candidat postier" semble presque oubliée. Lui qui était "le" candidat anti-Sarkozy, crevant les écrans en 2008, le seul opposant quand la gauche était aphone, a des doutes. Sur son organisation comme sur son rôle.
Depuis son échec aux régionales, en mars 2010, M. Besancenot s'est mis en retrait, préférant s'occuper de la société Louise-Michel, créée par le philosophe Daniel Bensaïd. Il ne veut plus être le seul leader populaire du NPA et réclame des porte-parole pour le seconder. Seul le mouvement des retraites l'a fait sortir de la sienne pour redevenir un "super-délégué syndical".
Les sondages sont trop éloignés de l'échéance présidentielle pour départager sérieusement les deux challengers de la gauche radicale. Quand l'institut CSA donne Olivier Besancenot en tête, il est contredit par l'IFOP et Opinionway qui indiquent l'inverse en faveur de M. Mélenchon. "Les marges d'erreur sont encore trop importantes. On assiste plutôt à un combat d'image. L'un s'impose au PCF, l'autre a des questions existentielles", observe Vincent Tiberj, chercheur au Centre d'études européennes. Seule constance : Olivier Besancenot séduit toujours les jeunes et M. Mélenchon a un vrai écho dans l'électorat des plus de 50 ans (10 % selon un sondage IFOP pour Sud Ouest du 12 et 13 janvier réalisé auprès de 830 personnes).
Changer de stratégie
Les deux électorats sont proches : c'est celui de cette gauche radicale qui représente entre 10 % et 15 % des suffrages selon les scrutins. En 2002 comme en 2007, elle a voulu protester contre le discours jugé trop droitier du PS, et cela a profité à M. Besancenot. Cette fois-ci, avec le fort désir de battre la droite, cette gauche pourrait changer de stratégie et tenter de peser sur les engagements des socialistes dans le cadre d'un futur gouvernement d'union de la gauche. Jean-Luc Mélenchon semble mieux à même d'y arriver. Le NPA avec son rejet de toute discussion avec le PS a renoncé à ce rôle.
Mais les deux leaders savent que la division va les pénaliser. M. Mélenchon a donc lancé à la veille du congrès de son challenger un appel à "ouvrir des discussions" pour une candidature "de rassemblement". Les dirigeants du NPA ont aussitôt rejeté la proposition : "Sa déclaration de candidature est un acte de renoncement au rassemblement", a taclé Pierre-François Grond, membre de l'exécutif. "Les désaccords se sont creusés avec Mélenchon", ajoute-t-il, citant ses prises de position sur le Tibet ou sur la Wallonie.
Pour ne pas apparaître trop fermé, M. Besancenot lui répondra en proposant une "candidature issue du mouvement social". "Une partie des syndicalistes, des altermondialistes ou des mouvements des "Sans" peut être disponible", veut-il croire. Et s'il ne parvenait pas à faire émerger cette candidature, alors le NPA se présentera sous ses couleurs. Le nom du "camarade Olivier" est le seul évoqué.
En attendant la conférence nationale qui, selon toutes probabilités, le désignera en juin, il veut faire "passer le souffle de la révolution tunisienne et égyptienne sur le NPA". Histoire de rappeler que le vrai révolutionnaire, c'est lui.
Sylvia Zappi