Publié le Lundi 18 juillet 2016 à 15h32.

Les nôtres : Christian Piktoroff

« Salut à toi ! » Te dire salut, c’est comme chanter les Bérus : salut au Conti, au sans-pap, au raffineur de Grand-Puits, au syndicaliste d’EDF, au peuple palestinien, au zadiste, à George Abdallah, à tout ce qui a un cœur et des poings, à tout ce qui chante et se bat.

«Oui Christian n’avait qu’un seul langage : grèves, blocages, manifs sauvages ! » Ton départ a été l’occasion d’une nouvelle manif sauvage, du Père-Lachaise au local de la Fasti. Une petite fille a même demandé au passage s’il s’agissait d’une révolution !

Multiple et un : Sissoko des sans-pap a bien résumé les choses, en disant que tu étais « un militant universel parce que, pour [toi], toutes les luttes étaient d’égale importance ». Une des dernières apparitions de ton keffieh rouge a été place de la République cet hiver quand on a fait tourner en bourrique les flics qui nassaient des réfugiés.

Tes camarades du syndicat à EDF t’avaient surnommé Plogoff : « Les postes d’élus c’était pas ton trip mais par contre tu ne loupais jamais une manif, quitte à faire des centaines de kilomètres comme pour empêcher la construction d’une centrale nucléaire en Bretagne ». Ne rien lâcher : c’est pas un hasard si des décennies plus tard, tu t’es retrouvé à Notre-Dame-des-Landes !

Le secrétaire de ta dernière section syndicale a lu la lettre que tu avais envoyée pour ton départ à la retraite : « si tu veux me retrouver, je serai toujours de tous les combats pour les opprimés, les pauvres et avec les insoumis. Donc tu as de fortes chances de me trouver sur une manif portant sur ces sujets-là.... entre autres ! »

Comme l’a dit Sandra, à la fondation du NPA, on n’a pas eu droit à un Pikto mais à quatre ! Comme quoi, il existe des manières d’être et de se révolter qui sont contagieuses. Xavier des Conti a sorti une citation ! « C’est parce qu’il [l’homme révolté] est profondément inspiré par la beauté et le bonheur qu’il en fait sa revendication incessante » et Omar a tagué « Salut à toi, poto d’amour ! » sur ton cercueil.

Comme, avec toi, tout finit par une chanson, on a chanté « Sans la nommer » avec Jolie Môme, « Le temps des cerises » avec Marine, un chant kabyle par Soussou et sa sœur, et l’Internationale par tout le monde.

Et Giulia, « ta camarade de toujours, ton alter ego, ton opposée radicale, ton hémisphère Sud » a conclu. Comme le dit un de tes fils : « Je dirais simplement que je n’ai jamais éprouvé autant de fierté d’être son fils. C’était politiquement brillant, poignant d’intimité, et d’un talent oratoire exceptionnel. »

Allez, tu n’auras plus à choisir à quelle manif tu vas, tu seras dans toutes celles où nous on sera. Bisoux à ta famille et salut à toi !

AmiEs, famille et camarades