Aller à la rencontre des maires de petites communes de l’Aisne, à la recherche de parrainages pour présenter Philippe Poutou aux élections présidentielles 2017, c’est l’occasion de discussions politiques qui font le lien entre les difficultés quotidiennes de ces éluEs et les enjeux des mobilisations sociales et politiques en cours...
Pour des éluEs plutôt de gauche mais pas organisés politiquement, ces mobilisations qui se passent souvent loin de leur commune, c’est une bouffée d’oxygène. C’est en effet la première fois que ce gouvernement est contesté dans la rue, par le monde du travail et pas par des réacs.
Cette contestation de « la loi travail et son monde », ils et elles la relient à leurs problèmes quotidiens, conséquences de la mise en œuvre des réformes de ce gouvernement : casse-tête de l’application des nouveaux rythmes scolaires dans des regroupements de communes, à l’heure où le département ne veut plus assurer la gratuité du ramassage des bus scolaires, où il faut embaucher des personnels compétents sans faire payer les familles précarisées dans des zones frappées par les fermetures des anciennes industries ou transformées en cités dortoirs, la fameuse rurbanisation. Faire plus avec moins de budget, c’est le défi quotidien de ces éluEs avec l’application de la loi Notre, qui fait de leur fonction une activité à temps plein dans des communes de quelques centaines d’habitantEs.
Le « vivre ensemble » ou le repli et les peurs ?
Au moment où les réorganisations territoriales, nouveaux cantons, regroupements de communes et d’agglomérations se font dans l’opacité bureaucratique la plus totale, l’enjeu de recréer du lien social et du « vivre ensemble » comme le disent plusieurs éluEs est une question concrète pour contrer le repli et la montée des peurs de l’avenir, de l’insécurité sociale omniprésente.
Cela d’autant que l’expression politique de ces peurs dans ces communes, c’est le vote pour le FN. Ainsi, dans deux cantons différents de l’Aisne, des conseillers FN ont été éluEs aux dernières départementales. De parfaits inconnuEs « sortis de nulle part » et « qui n’ont même pas fait de réunion ou de campagne », comme les décrivent plusieurs élus dépités. Dans une des communes, presque personne n’assume le vote pourtant majoritaire, et dans l’autre la principale justification est « ras le bol de l’ancien élu PS, il faut changer »...
Alors pour des maires engagés au quotidien, l’espoir que les luttes contre la loi travail puissent offrir d’autres perspectives de combat contre nos adversaires communs et de possibilités de gagner, c’est aussi l’enjeu de barrer la route au FN.
Cathy Billard