Publié le Lundi 25 novembre 2019 à 15h44.

Plan d’urgence hôpital : ils n’ont rien entendu, frappons plus fort

Macron, Philippe, Buzyn disaient avoir « entendu » la colère du monde hospitalier. C’est pourtant l’image d’un gouvernement sourd et aveugle que donne le troisième plan de sauvetage de l’Hôpital en 6 mois. Pas plus que les précédents il n’apporte de réponse à la crise. 

Ce plan annonce la reprise de 10 des 30 milliards de la dette hospitalière, 1,5 milliards de « crédits supplémentaires » en 3 ans, des primes diverses pour certaines catégories de personnel. Quelle est la réalité́ ? 

 

Dette : on efface en partie... Pour recommencer ! 

La dette des hôpitaux ne vient pas de nulle part. Elle est la conséquence des budgets insuffisants, qui obligent les établissements à s’endetter auprès des banques pour investir et à leur payer ensuite des intérêts qui plombent leurs dépenses. Une partie de la dette est reprise, mais le gouvernement n’a aucune intention de desserrer réellement l’étau budgétaire. Les établissements n’auront à nouveau d’autre solution dans les années à venir… que de s’endetter, ou de réduire leur personnel pour investir. Rien n’est donc réglé. D’ailleurs, seuls les bons élèves, les hôpitaux qui se restructureront comme le veut le pouvoir, verrons leur dette en partie effacée. 

 

Manque de personnel, manque de lits, épuisement et souffrance au travail : aucune réponse 

Le « plan d’urgence » ne répond en rien aux véritables urgences pour lesquelles se battent les hospitaliers depuis des mois : le manque de personnel, qui entraine les fermetures de lits et de service, la surcharge des urgences, l’épuisement des soignants, la perte de sens du travail. Le gouvernement présente comme une « avancée » le passage de l’enveloppe budgétaire hospitalière annuelle de 2,1 à 2,5% pour les 3 ans à venir. Il «oublie» seulement de rappeler que la simple reconduction des moyens existants nécessiterait une hausse annuelle de 4,4% , et que chaque année près de 900 millions d’€ sont ponctionnés sur l’Hôpital. « L’effort » gouvernemental consiste donc à̀ retirer « seulement » 600 millions par an aux hôpitaux au lieu des 900 prévus, belle « avancée » ! Sur le terrain rien ne va donc changer : services bondés en permanence, attentes sur des brancards pendant des heures aux urgences, personnels épuisés et débordés. 

 

Rémunérations : un saupoudrage pour diviser 

Les hospitalierEs ont une revendication claire et commune à tous : 300€ pour tous, simple rattrapage des 10 ans de blocage des salaires qui nous ont été́ imposées.La seule réponse du gouvernement est un saupoudrage scandaleux. Une prime pour les bas salaires des soignants en région parisienne, pour les « métiers en tension » (infirmierEs spécialiséEs, manip radio) pour les aides-soignantEs ayant une « formation en gériatrie », ... et rien pour les autres. Bref des miettes et une tentative de division pour opposer les soignantEs entre eux. Cerise sur le gâteau, 200 millions sont accordés pour une prime « à la tête du client » attribuée par les directions pour récompenser « l’engagement et l’investissement » (sic !) 

 

L’hôpital entreprise, ça continue ! 

Loin d’abandonner la perspective de l’hôpital entreprise, le « plan d’urgence » va au contraire accélérer la transformation d’une partie du corps médical en managers pour leur mettre « les mains dans le cambouis » de la gestion de l’austérité́. 

 

Une seule réponse : frapper plus fort ! 

Pas plus que les précédents, ce nouveau plan ne répond à la crise de l’hôpital et à la souffrance des personnels. La réponse va de soi : passer à la vitesse supérieure dans la mobilisation, généraliser la grève à l’ensemble des services, en utilisant tous les moyens d’action capables d’imposer un rapport de force au pouvoir. 

La participation massive aux journées du 30 novembre et du 5 décembre y contribuera.Pour faire reculer ce pouvoir, qui ne « lâche rien », il y a urgence à faire converger les colères et les luttes à partir du 5 décembre, pour rompre avec une politique qui détruit l’hôpital et les services publics, casse la Sécurité́ sociale et les retraites, ponctionne ceux qui ont le moins, pour donner encore plus aux plus riches. 

 

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